Le comité scientifique de l’Université du Luxembourg a présenté mardi son rapport portant sur l’implication de ce pays au cours de la période de l’occupation allemande allant de 1940 à 1944. Il en ressort que l’administration du Grand-Duché a réellement collaboré.
Tout a commencé en février 2013 lorsque l’historien luxembourgeois Denis Scuto a largué une bombe en rendant publique une liste d’enfants juifs préparée par l’administration locale en 1940 pour la remettre à l’occupant nazi. En réaction, le gouvernement alors dirigé par Jean-Claude Juncker, a mis sur pied un comité scientifique à l’Université du Luxembourg chargé de faire la lumière sur cette sombre page de l’histoire de cet pays.
Au terme de la rédaction de son rapport, ce comité a conclu que « les administrations du Luxembourg sous l’occupation ne furent pas forcées de participer aux persécutions antisémites nazies sous la menace…Elles y collaborèrent tant qu’elles y furent invitées par l’occupant et s’acquittèrent bien souvent de leur mission avec diligence, voire avec zèle », peut-on lire dans la suite du document de plus de 250 pages.
Les investigations entrant dans le cadre de la mission de ce comité scientifique ont été menées par un autre historien autochtone, Vincent Artuso, qui a soutenu une thèse sur « La collaboration au Grand-Duché durant la Seconde Guerre mondiale (1940-1945) ». Denis Scuto, faisait partie des membres du même comité.
Les auteurs de ce rapport se sont par ailleurs interrogés sur les causes de cette collaboration. Ils ont ainsi remarqué que les juifs suscitaient une certaine aversion bien avant l’occupation du Grand-Duché suite à l’arrivée des réfugiés et la crise économique.
« Si la politique antisémite fut acceptée et appliquée par l’administration luxembourgeoise, ce fut aussi parce que ses objectifs ne paraissaient pas disproportionnés et s’inscrivaient, eux aussi, dans une certaine continuité », est-il également souligné dans le rapport.
Les membres du comité scientifique ont estimé que l’administration luxembourgeoise a collaboré dans trois domaines, l’identification des personnes considérées comme étant de « race juive » suivant les critères établis par l’occupant, leur révocation de la fonction publique, des professions libérales et des établissements de formation et la spoliation de leurs biens.