Avec différents arguments, les présidents malien, sénégalais et tchadien ont été les fers de lance de la condamnation des Occidentaux dans la dégradation de la situation sécuritaire en Libye ,lors du forum sur la sécurité organisé récemment à Dakar.
Ces dirigeants n’ont pas pris de gants. Le Malien Ibrahim Boubacar Keïta a été plus tranchant que jamais en appelant la communauté internationale à agir en Libye dont le chaos, plus particulièrement dans la partie méridionale, est une entrave à la paix dans l’ensemble de la région. Cet argument a été repris par le Sénégalais Macky Sall qui a présenté la Libye comme un travail inachevé. Mais le plus virulent de tous a été le Tchadien Idriss Déby Itno. Après avoir accusé les Occidentaux d’avoir eu comme objectif principal en intervenant en Libye en 2011 de liquider Kadhafi, il les a ensuite accusés de ne pas avoir assuré le « service après-vente ». Pour lui, la situation actuelle dans la région, avec notamment la montée en puissance de Boko Haram, la progression des djihadistes au Mali et la libre circulation des armes dans tout le Sahel, sont la conséquence du non-accompagnement de la Libye après la chute de Kadhafi.
Ces critiques ont été formulées en présence du ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian qui assistait aux débats et dont le pays a été en première ligne dans l’intervention internationale qui a fortement contribué à la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Avec l’Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, le Tchadien Idriss Déby est le chef d’Etat de la région à être le plus inquiet au vu de la situation en Libye et l’un des plus favorables à une intervention dans le pays. Mais outre la complexité pour la mettre en œuvre, entre le cadre juridique et les moyens logistiques, une intervention dans le sud de la Libye pourrait encore grandement déstabiliser le pays qui est dirigé par deux gouvernements et deux parlements.