Le HCR, le Haut-Commissariat des Nations unies aux Réfugiés, a vivement réagi en condamnant le projet espagnol de donner un statut particulier à ses enclaves de Ceuta et Melila au Maroc dans le but de limiter l’immigration.
Poussé par la pression migratoire grandissante, le PP (Parti Populaire) du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy vient de déposer un amendement à un projet de loi sur l’immigration en cours d’examen au Parlement. Selon un communiqué du ministère espagnol de l’Intérieur publié mardi dernier, ce texte doit donner à Ceuta et à Melila un régime juridique spécial. Celui-ci établira que les migrants qui escaladent la clôture ne seront plus considérés comme ayant pénétré sur le territoire espagnol, ce qui légaliserait leur refoulement sans recours.
Mais le HCR, qui a fait entendre sa voix par son porte-parole à Genève, a aussitôt exprimé son inquiétude. Pour l’agence onusienne pour les réfugiés, ce projet prive les migrants des garanties juridiques prévues dans la législation espagnole et celle de l’Union européenne concernant le droit d’un individu à déposer une demande d’asile.Le HCR considère également que les refoulements automatiques pourraient tomber sous le coup de la Convention de 1951 concernant les réfugiés, un traité international de protection des personnes qui fuient leur pays d’origine.
La question de l’immigration Sud-Nord est particulièrement épineuse, notamment pour les pays bordant la Méditerranée et particulièrement pour l’Espagne en raison de ses enclaves en Afrique du Nord. Environ 4 200 personnes sont entrées illégalement l’année passée par les enclaves par terre et par mer. Et ce nombre est déjà en augmentation puisque plus de 5 000 à avoir pénétré dans les enclaves ont déjà été recensées cette année. Se relevant difficilement de la crise économique de 2011, l’Espagne se retrouve à court de ressources pour juguler cet important flux migratoire alors que de plus en plus d’Espagnols quittent le pays pour aller travailler ailleurs.