Les députés irlandais ont voté vendredi en faveur du recours à l’avortement s’il y a risque de suicide de la mère. Une décision aux allures de révolution dans un pays majoritairement catholique.
De 127 voix contre 31, tel est le résultat du vote de l’Assemblée nationale irlandaise sur cette question. Il sera désormais possible de procéder à un avortement en vue d’épargner la mère. Cet acte médical aurait pu sauver, il y a quelques mois, la vie d’une jeune femme d’origine indienne. Faisant une fausse couche, un hôpital irlandais avait strictement refusé de la faire avorter. Peu après, elle a succombé suite à une septicémie. Cette tragédie, reprise moult fois par les différents médias, a donné un coup d’accélérateur au débat sur l’avortement en Irlande. Ainsi, les élus irlandais ont discuté sur 165 amendements en un temps record pour aboutir à cette issue. En clair, la nouvelle disposition permet l’avortement dans le cas où la grosse expose la vie de la mère à un « risque réel et substantiel ». Et, ce danger doit être certifié par des professionnels de la santé, en l’occurrence un obstétricien et deux psychiatres.
Malgré tous les garde-fous assortis à cette loi, c’est après plusieurs hésitations que certains députés l’ont approuvée. En effet, les élus éprouvant cet embarras redoutaient, pour la plupart, une explosion du recours à l’avortement après cette autorisation. En plus, il y a également le poids non négligeable du catholicisme, dont bon nombre des députés se reconnaissent. C’est donc une révolution qui aura pris du temps à se concrétiser. Pour preuve, en 1992 déjà, une femme désireuse d’avorter pour sauver sa vie obtenait gain de cause devant la Cour suprême irlandaise. Mais, cette victoire n’avait jamais entraîné de modification dans la législation. Il reste tout de même le dernier mot du Sénat pour que la nouvelle loi sur l’avortement entre en vigueur.