La Tunisie semble bien partie pour renouer avec sa légendaire modération et le sens de la mesure des tunisiens, après l’adoption d’une constitution consensuelle qui réconcilie islamistes et laïcs à l’issue de trois ans d’une dangereuse instabilité politique et sécuritaire.
L’impasse politique qui perdurait depuis la chute de Ben Ali début 2011, a été surmontée en fin de semaine avec la proclamation officielle de la nouvelle constitution et l’avènement de la deuxième république tunisienne. La concession faite par les islamistes d’Ennahda de quitter le pouvoir même s’ils ont été démocratiquement élus, a contribué à apaiser les tensions. Il appartient désormais au gouvernement non politique de Mehdi Jomaâ de conduire le pays à des élections générales. Ces consultations devraient avoir lieu sous les couleurs de la nouvelle constitution qui concilie islam et liberté de conscience. Un heureux dénouement qui est encore loin d’atteinte des autres pays du « Printemps arabe ». A commencer par la Libye voisine, enfoncée dans l’anarchie et le désordre des groupes armés ou l’Egypte, dangereusement clivée entre islamistes et laïcs, sans parler de la Syrie ou du Yémen.
Pourtant, durant ces trois années tumultueuses, de nombreux tunisiens ont payé de leur vie l’aboutissement du compromis historique en Tunisie. L’assassinat il y a une année de Chokri Belaïd, puis de Mohamed Brahmi, tous deux de farouches opposants aux islamistes, avait provoqué une onde de choc dans le pays. Ces meurtres ainsi que la mort de plusieurs policiers et membres des forces de l’ordre dans des accrochages avec des extrémistes islamistes, avaient provoqué une profonde émotion dans le pays. Et c’est en grande partie grâce à la mobilisation d’une société civile motivée et à l’étonnante neutralité de l’armée, que les islamistes d’Ennahda et les autres composantes politiques du pays ont abouti à ce compromis sans précédent.
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