Le premier ministre islamiste turc, Recep Tayyip Erdogan, est pris dans une tempête politique sans précédent sur fond de scandale de corruption qui a contraint, mercredi, deux de ses ministres les plus proches à démissionner.
Muammer Güler, ministre de l’Intérieur et son collègue de l’Economie Zafer Caglayan ont présenté leur démission, tout en dénonçant un « complot » dirigé contre le gouvernement islamiste. Ils ont justifié leur geste par leur volonté de voir « toute la lumière » faite sur cet « hideux complot ». La démission des deux ministres intervient après l’arrestation, la semaine dernière, de leurs deux fils dans le cadre d’un vaste scandale qui agite la Turquie. Erdogan parle, lui aussi, de « pièges » tendus à son parti l’AKP dans la perspective des élections municipales du 30 mars 2014.
Tout en pointant l’implication de parties étrangères, le premier ministre islamiste accuse indirectement la confrérie musulmane de Fethullah Gülen d’être derrière cette purge, qui s’est soldée par l’arrestation de 24 suspects au cours du week-end dernier à Istanbul. Pour le premier ministre, la confrérie de Fethullah Gülen chercherait à défigurer l’image de l’AKP et à minimiser les acquis politiques et économiques engrangés depuis l’arrivée au pouvoir du parti islamiste en 2002. En réaction à ces arrestations, Erdogan a limogé de nombreux responsables des services de police où la confrérie de Gülen est très influente.
Le premier ministre islamo-conservateur avait déjà été ébranlé en juin dernier par des manifestations sans précédent qui avaient dénoncé son pouvoir autoritaire et ses dérives aux relents islamistes. Manifestement, l’approche des élections municipales du printemps et l’élection présidentielle de l’été 2014 ne devrait pas être de tout repos pour le charismatique dirigeant de l’AKP.
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