Les ennuis de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika, transféré le 27 avril à l’hôpital militaire Val de Grâce de Paris à la suite d’un accident vasculaire cérébral, nourrissent les spéculations sur sa succession à moins d’un an des élections présidentielles prévues en avril 2014 en Algérie.
Malade, Bouteflika l’est vraiment, et… gravement. Déjà opéré fin 2005 d’«un ulcère hémorragique à l’estomac», à Paris. Un an plus tard, le président reconnaissait lui-même avoir été «très, très malade», mais s’en être «sorti de manière absolument fabuleuse». Depuis ce premier malaise, la moindre absence du raïs, au pouvoir depuis 1999, déclenche des conjectures sur son état de santé.
Un télégramme de l’ambassade des Etats-Unis à Alger – daté du 3 janvier 2007 et dévoilé par WikiLeaks – révélait que Bouteflika souffrait d’un cancer de l’estomac (en rémission).
Vu la fragilité de son état de santé, estiment des médias algériens, le président Bouteflika n’aurait jamais dû se représenter en 2009.
Mais celui-ci qui craignait d’être destitué un jour pour incapacité à gouverner – comme le prévoit l’article 88 de la Constitution algérienne – a songé à l’idée de créer un poste de vice-président de la République et y faire élire un homme de paille et ce pour éviter que le président du Sénat n’assume l’intérim et organise des élections. Une option trop risqué pour le clan Bouteflika.
Hormis deux communiqués laconiques de la Présidence de la République et du cabinet du Premier ministre, c’est pratiquement le silence radio sur l’évolution de l’état de santé du chef de l’Etat, même si celui-ci a adressé des messages le 3 mai dernier aux Algériens, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse et de la Fête du travail. Même du côté français, rien ne filtre à ce sujet, depuis l’admission du président Bouteflika dans l’hôpital Val de Grâce.
Si la France suit de près la situation en Algérie où elle a des intérêts et une communauté à protéger, les Etats-Unis eux aussi, auraient déjà décidé, selon le quotidien londonien Al-Qods al-Arabi, généralement bien informé, le déploiement sur la base américaine de Moron, en Espagne, de quelque 800 Marines et d’une dizaine d’avions militaires, en prévision d’évacuer le personnel diplomatique et les ressortissants américains installés en cas de soulèvement populaire en Algérie.
Dans une première réaction suite à cette information, le ministère des Affaire étrangères a qualifié l’article du journal londonien, de «tissu d’inepties malveillantes» et «la référence fielleuse faite à la situation politique et à la stabilité en Algérie» de «totalement infondée et absurde».
Dans tous les cas, le nouveau malaise du président Bouteflika ajoutée à la révélation par la presse nationale, de scandales de corruption impliquant ses proches, fragilise l’hypothèse d’un quatrième mandat sur lequel le raïs ne s’est pas encore prononcé et met de nouveau en avant la question de sa succession.