La Tunisie arrivera-t-elle à conjurer les démons de la division politique avec l’investiture du nouveau gouvernement ? Les tunisiens se posent la question tout en priant pour que ce cabinet arrive à sortir le pays de deux ans d’instabilité politique et d’insécurité.
De grands espoirs sont fondés dans ce gouvernement conduit par Ali Larayedh qui succède à Hamadi Jebali, son collègue du parti islamiste Ennahda. Jebali n’a pas survécu à la profonde crise politique provoquée par l’assassinat, début février, de l’opposant Chokri Belaïd. Le nouveau premier ministre, qui occupait le poste de l’Intérieur dans le gouvernement sortant, doit composer avec une coalition difficile, comprenant des islamistes, des ministres appartenant à des partis laïques et démocrates et des indépendants. Pour sortir du vide institutionnel dans lequel le pays est plongé depuis la chute du régime Ben Ali, Larayedh prévoit d’accélérer l’adoption de la Constitution et l’organisation d’élections dans le courant de l’année. Mais il sait aussi que les plus graves défis résident dans la violence politique et l’aggravation des problèmes économiques et sociaux. De nombreux jeunes supportent mal le chômage et la précarité, ce qui alimente l’insécurité et la violence. La mort d’un jeune au chômage, qui s’est immolé par le feu, est un signal d’alerte pour le nouveau gouvernement, investi le jour même des obsèques du désespéré. Le retour à la stabilité devrait être un premier pas pour rassurer les investisseurs étrangers et relancer la machine économique. C’est aussi un message adressé à l’Union européenne, le principal partenaire économique et financier de la Tunisie.
De son côté, Bruxelles a, en signe de soutien, envoyé jeudi à Tunis le commissaire européen chargé de l’élargissement et de la politique du voisinage. Stefan Fule, dont c’est la quatrième visite en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011, devrait rassurer le nouveau gouvernement sur l’engagement de l’UE à aider la Tunisie à réussir sa transition démocratique.
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