La couleur du nouveau gouvernement tunisien doit être annoncée ce vendredi après d’âpres négociations ayant débuté au lendemain de la démission du Premier ministre, Hamadi Jebali du parti Ennahda. Un accord au sujet des ministères régaliens a été trouvé par les partis prenant part à ces concertations à savoir Ennahdha (au pouvoir) et ses alliés laïques Ettakatol et le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki. Trois partis ont quitté la table des négociations. Il s’agit du mouvement Wafa, le groupe Liberté et dignité à l’ANC et l’Alliance démocratique.
Pour débloquer la situation, le parti majoritaire Ennahda a consenti la nomination de personnalités indépendantes apolitiques à la tête des ministères régaliens (Intérieur, Justice, Affaires étrangères, Défense).
« Après des négociations marathon, nous avons abouti à un accord sur un gouvernement », a annoncé jeudi soir, le ministre de l’Intérieur sortant, Ali Larayedh, chargé le 22 février, par le parti islamiste Ennahda de former une équipe à même de surmonter la profonde crise politique qui secoue le pays surtout, depuis l’assassinat par des éléments présumés de groupes islamistes radicaux, de l’opposant syndicaliste, Chokri Belaïd le 6 février.
Un rapport complet sur le nouveau gouvernement, a-t-il précisé, sera présenté ce vendredi après d’ultimes retouches, au président provisoire, Moncef Marzouki.
Le dit rapport, comporterait selon Larayedh, «la composition du gouvernement, les grandes lignes de son programme fixant les principes, les priorités et les engagements du nouveau gouvernement ».
Une fois présenté au président, le gouvernement doit dans les trois jours être investi par l’Assemblée nationale constituante. L’ANC devra adopter ensuite, à la majorité des deux tiers, une Constitution et ouvrir la voie à de nouvelles élections, mais le scénario du maintien de la majorité sortante est vivement critiqué par certains acteurs politiques de l’opposition.
« Il faut que M. Larayedh dise au peuple tunisien qu’il n’a pas réussi à élargir l’alliance, à réaliser un vrai consensus et il doit démissionner », avait estimé Mahmoud Baroudi, représentant de l’Alliance démocratique.
Le parti d’Ennahda est accusé par l’opposition de velléités hégémoniques et d’orchestrer une islamisation rampante de la société.
La Tunisie est aussi déstabilisée par des conflits sociaux à répétition, le chômage et la misère, causes majeures de la révolution de 2011 et qui continuent de faire des ravages. La page qu’ouvrira la nomination d’un nouveau gouvernement va-t-elle dénouer la crise qui secoue le pays ? Ce n’est pas si sûr, car la crise pourrait plus profonde qu’on ne le pense.
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