Deux ans après sa naissance au Maroc, le Mouvement du 20 Février (M20) éteint ce mercredi sa deuxième bougie. Après avoir brillé de tous ses feux dont le royaume chérifien, bau moment où les places publiques étaient en ébullition dans plusieurs pays arabes, ce mouvement apolitique crée dans le sillage du printemps arabe, par des jeunes fortement branchés sur les réseaux sociaux, a beaucoup perdu de son lustre, de l’avis des analystes locaux. Dès son apparition, le M20 composé au départ de jeunes, idéalistes et sincères, mais inexpérimentés dans le monde de la politique, a été noyauté par des extrémistes de formations socialistes et communistes de gauche ainsi que par des éléments de mouvements islamistes interdits mais tolérés, tel le mouvement Al Adl Wal Ihsane du défunt Cheikh Yacine.
Le M20 constituait aussi aux yeux des vieux routiers de la politique au Maroc, l’image d’une vague inespérée sur laquelle il fallait surfer pour rebondir et non comme un vivier d’idées nouvelles.
Aujourd’hui, estime un professeur universitaire spécialiste des questions sociales, le M20 sans identité ni repères, et qui ne grade plus que le nom, paraît comme une coquille vide. Pour preuves, il suffit de revenir sur les derniers appels à manifester lancés par les jeunes des différentes coordinations régionales du M20. Somme toute attente, ce n’est finalement que quelques centaines de manifestants issus de divers horizons (diplômés chômeurs, jeunes militants de partis de gauche radicale, ou d’associations des droits de l’homme) qui répondent à l’appel pour défiler dans les rues des grandes villes du pays.
Contrairement à d’autres pays arabes comme la Tunisie, l’Egypte ou la Libye, où les vagues de protestations ont été plus ou moins mal gérées et difficilement contenues par les nouvelles autorités ayant pris le pouvoir au lendemain des soulèvements du printemps arabe, au Maroc ces mouvements de protestation ont été dès le départ, de moindre intensité.
Au lieu des revendications purement politiques appelant à des changements radicaux, les manifestations de rue dans le royaume chérifien, se sont focalisées surtout autour des revendications qui dénoncent la corruption et l’injustice ou pour réclamer des réformes économiques, sociales et politiques, l’amélioration des conditions de vie des populations, l’accès aux services de base (santé et éducation) et à l’emploi ou pour dénoncer la cherté de la vie, le détournement des deniers publics etc. Bref, de vieux slogans qui ne dérangent nullement le pouvoir en place.
C’est pour ces raisons, commente notre analyste, que le Mouvement du 20 Février n’a pas fait long feu au Maroc et qu’il s’est rapidement désintégré faute d’avoir réussi à fédérer les masses populaires.
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