Il y a cinq ans tout juste naissait au Maroc Al Omrane -en tant que groupe- de la volonté des pouvoirs publics de se munir d’un opérateur national de l’habitat plus performant, en capacité d’apporter des solutions efficaces aux problématiques complexes du logement auxquelles est confronté le Royaume Chérifien.
Aux prises depuis les années 70 à une urbanisation galopante du fait de la triple dynamique issue de l’exode rural, de la création de bidonvilles et de la spéculation immobilière, le Maroc s’est trouvé à la fin des années 2000 à la croisée des chemins en termes de définition de sa politique d’aménagement immobilier. En ce sens, la création du groupe Al Omrane a été l’aboutissement d’un chantier de réformes ayant pour objectif de doter le pays d’une organisation dotée d’une importante capacité d’intervention sur l’ensemble du territoire. Sa vocation a été définie autour de la résorption des bidonvilles et autres formes d’habitat insalubre, dans l’élargissement de l’offre en logement et dans le développement urbain.
Ainsi, le groupe occupe non seulement le rôle de constructeur, de développeur-aménageur, mais également celui d’acteur œuvrant de part les moyens à mobiliser par l’Etat à la régulation du marché.
Autant de prérogatives qui font que ce géant de l’immobilier demeure peu ou mal connu du grand public marocain tant ses domaines d’intervention sont larges et surtout sensibles.
Aujourd’hui, et au-delà de sa vocation sociale autour de laquelle un recentrage nécessaire a été opéré début 2011 , Al Omrane veut se projeter en entreprise moderne, tenue par une obligation de résultats, et disposant des instruments de pilotage de son développement.
Selon plusieurs spécialistes marocains de l’immobilier, le pari n’était pas gagné d’avance car le groupe Al Omrane s’est construit autour de l’agrégation de sociétés antérieures, dont certaines connaissaient de graves problèmes de gouvernance. De l’avis de beaucoup, l’entreprise a néanmoins su en peu de temps opérer un virage stratégique, notamment après la nomination de son nouveau Président issu du secteur privé, Badr Kanouni.
Ce dernier s’est assez rapidement imposé en instaurant des modes de management performants, qui répondent aux standards internationaux et en bousculant quelque peu la tradition très orientée technostructure de l’entreprise. Résolument tourné vers l’avenir, Al Omrane a ainsi pris le parti d’assumer un passé qui ne le sert pas toujours et de prendre en main son destin en installant des valeurs nouvelles, des piliers qui dictent son fonctionnement et sa façon de faire au quotidien.
Le nouveau management de Al Omrane est désormais bâti sur des « valeurs-piliers », constitutifs d’une vision claire et articulée autour de quatre grands objectifs clairement définis.
Le premier réside dans la consolidation de la position du groupe en tant que bras armé de l’état et des collectivités locales pour la mise en œuvre des programmes publics d’habitat, ancrant ainsi davantage la vocation sociale et urbaine de celui-ci.
Le deuxième objectif est celui d’un positionnement en tant que grand aménageur-développeur, partenaire de l’Etat et des collectivités locales pour développer les zones d’urbanisation nouvelles, contribuant ainsi de manière active à l’augmentation des potentialités d’accueil des villes et à la création de nouveaux pôles urbains.
Le troisième objectif ambitionne de positionner Al Omrane en tant qu’outil de développement de logements sociaux et économiques avec une attention particulière pour agir là où le privé est moins actif dans les régions et pour les populations les plus démunies. Ceci se traduit notamment avec la mise en place d’une offre foncière adaptée et la promotion du partenariat public-privé, à travers une augmentation continue du rythme de production de l’habitat social et une diversification de l’offre pour répondre aux moyens et aux aspirations des populations concernées. Enfin, le dernier objectif découle de la volonté de Al Omrane d’être le promoteur de référence en matière de qualité, de respect de l’environnement et de facilitation de l’accessibilité.
Ceci s’effectue en montant des alliances avec des investisseurs ayant le savoir-faire nécessaire et avec des entreprises marocaines et étrangères qui portent des procédés techniques innovants. Autant de chantiers qui témoignent , selon les spécialistes du secteur, d’une réelle volonté de changement dont la cohérence globale est perceptible à travers le dialogue qu’est entrain d’installer le groupe Al Omrane avec l’ensemble des parties prenantes. Reste que de nombreux défis se dressent encore devant l’entreprise, notamment au niveau de l’articulation de son fonctionnement avec des régions marocaines appelées à avoir de plus en plus de prérogatives avec la mise en place d’un grand plan de décentralisation.