Pour sa réélection au troisième mandat successif à la tête du Parti de la justice et du développement (AKP), le premier ministre turc Tayyip Erdogan a cherché à frapper fort, en martelant la réussite du « modèle démocratique turc », conduit par son parti d’inspiration islamiste. Elu sans surprise dimanche par 1421 voix sur les 1424 délégués de l’AKP, Erdogan a sauté sur la conjoncture régionale tourmentée pour marquer le coup. Depuis que le parti d’Erdogan est arrivé au pouvoir en 2002, la Turquie ne cesse de se poser en modèle de réussite démocratique et économique dans la région.
Et face à une Syrie voisine déchirée par la guerre civile et à d’autres pays musulmans en situation de déstabilisation chronique, Tayyip Erdogan n’a pas hésité à poser la Turquie en « exemple pour tous les pays musulmans ». « Nous avons montré à tout le monde qu’une démocratie avancée peut exister dans un pays à forte majorité musulmane », a-t-il fièrement proclamé devant les dizaines d’hommes d’Etat invités dans l’immense Palais des sports d’Ankara. Parmi eux, il y avait le président égyptien Mohamed Morsi. Le nouveau raïs, lui aussi proche du mouvement des Frères musulmans, a pris la parole en insistant sur le « besoin d’aide de la Turquie pour accompagner le processus post-révolution du printemps arabe ». C’était une confirmation du rôle d’Erdogan dans l’émergence de la Turquie moderne et de son rayonnement régional. A l’aise dans une ambiance triomphale, Erdogan a facilement passé sous silence le problème kurde qui constitue pourtant une épine dans le pied d’Ankara. Il a en revanche vivement reproché à la Russie, à la Chine et à l’Iran voisin, leur soutien au régime « cruel » de Bachar Assad en Syrie.