Les égyptiens n’ont jamais été aussi divisés. Le premier tour des élections présidentielles a révélé un douloureux partage des électeurs entre l’islamiste Mohamed Morsi et le rescapé de l’ancien régime Ahmed Chafiq, dernier premier ministre avant la chute de Moubarak. Pour le second tour, la confrontation aura lieu entre deux machines parfaitement rodées aux échéances électorales. D’un côté, les frères musulmans bénéficient d’une organisation hiérarchisée et socialement bien implantée.
De l’autre, le général Ahmed Chafiq peut compter sur la machine PND (l’ancien Parti national démocrate de Moubarak), aussi bien que sur le soutien des militaires. Et entre la crainte d’un contrôle total de la vie politique par les frères musulmans qui ont déjà la majorité au Parlement, et la peur du retour de l’ancien régime, de nombreux égyptiens peuvent être tentés par l’abstention. Celle-ci servira en fin de compte le candidat islamiste plutôt que son rival de l’ancien régime.