Cinq mois après son ouverture, le procès du président égyptien déchu, Hosni Moubarak n’est pas encore clos. Les militaires et à leur tête le maréchal Tantaoui, qui fut pendant vingt ans le ministre de la Défense de Moubarak, semblent vouloir épargner du jugement le raïs, ses deux fils Gamal et Alaa et les autres hauts commis de l’Etat de l’ancien régime qui sont passibles de la peine de mort.
L’ancien président, qui a démissionné le 11 février dernier sous la pression de la révolte populaire, est placé depuis lors en détention préventive dans un hôpital militaire de la banlieue du Caire.
Comme lors de ses précédentes comparutions devant un tribunal du Caire, l’ancien Raïs est arrivé mercredi matin à bord d’une ambulance pour une nouvelle audience marquée comme d’habitude par la présence d’un impressionnant dispositif sécuritaire. Quelque 5.000 policiers ont été déployés, en coordination avec l’armée, autour du tribunal, installé dans une école de police de la périphérie du Caire.
Moubarak, 83 ans souffrant de malaises cardiaques, a été acheminé en ambulance à bord d’une civière jusqu’à la salle des audiences qui est interdite au public et aux médias contrairement aux premières audiences, qui étaient suivies en direct à travers les chaînes de télévision égyptiennes.
Le raïs déchu encourt la peine de mort s’il est reconnu coupable pour les chefs d’accusation qui pèsent sur lui et sur l’ancien ministre de l’Intérieur Habib El-Adli et six de ses conseillers. Tous sont accusés de corruption et de dilapidation des deniers publics et surtout d’avoir ordonné de tirer à balles réelles sur les civils durant les manifestations du début de l’année, qui ont fait officiellement quelque 850 morts.
Officiellement le procès a été suspendu en septembre en raison d’une demande de récusation du président de la cour, le juge Ahmed Refaat, jugé partial par les avocats des parties civiles. Le magistrat a finalement été maintenu, permettant la reprise du procès.
Les familles des victimes de la révolte du début de l’année s’étaient rassemblés près du tribunal et lançaient des slogans contre le président déchu et le pouvoir militaire qui lui a succédé. « Ce procès est une farce, c’est toujours la même bande qui est au pouvoir », ont scandé les manifestants, appelant à une mobilisation de masse le 25 janvier, date du premier anniversaire du début de la révolte égyptienne.