Les islamistes égyptiens sont-ils en train de rafler la mise ? C’est en tout cas ce que confirment les résultats du deuxième tour des élections législatives de lundi et mardi. Même si le parti des Frères musulmans a revendiqué un creusement de l’écart avec l’autre formation islamiste plus radicale des salafistes, il est désormais clair que c’est la mouvance islamiste qui est le grand vainqueur de ces élections.
C’est aussi elle qui récolte les dividendes de la révolte populaire ayant conduit à la chute de Moubarak. L’écrasante victoire des islamistes est soulignée par la presse cairote, qui crédite les Frères musulmans et les salafistes réunis de quelque 80% des voix. Un score qui relègue au second plan les partis modernistes et redessine le nouveau rapport de forces qui s’établit dans le pays. Ceci, au moment où le Premier ministre désigné, Kamal el-Ganzouri s’apprêtait à annoncer la composition de son gouvernement. Le nouveau cabinet remplace celui de Issam Charaf, qui avait été acculé à la démission dans la foulée des manifestations hostiles au Conseil militaire de novembre dernier, et qui ont fait une quarantaine de morts. Graves défis sécuritaires, problèmes économiques et difficultés financières réduisent ainsi la marge de manœuvre du nouveau Premier ministre, qui se voit obligé de combattre sur plusieurs fronts à la fois. Depuis le déclenchement de la révolution il y a neuf mois, les recettes touristiques et les investissements étrangers sont en chute libre. Les caisses de l’état passent par de mauvais moments et les réserves en devises ne permettent plus d’assurer plus de trois mois d’importations. Une situation qui a poussé Kamal el-Ganzouri a reconnaître que « la situation dans laquelle l’Egypte se trouve actuellement ne satisfait personne » et qui exige l’union de tous les égyptiens abstraction faite des partis et courants auxquels ils appartiennent.