Le flou et l’incertitude qui règnent dans les pays touchés par le printemps arabe suscitent moult interrogations et inquiétudes chez les hommes politiques et les médias britanniques. Pour le chef de la diplomatie britannique, William Hague « les gains démocratiques » du printemps arabe sont en danger. Dans un entretien publié jeudi, par le quotidien londonien « The Times », Hague estime que l’élan démocratique ayant émergé suite aux révolutions notamment en Tunisie et en Egypte, « n’était pas aussi fort pour trouver une réponse adéquate à des problèmes bien enracinés ».
Le chef du Foreign Office s’est dit particulièrement préoccupé au sujet de la situation en Egypte où « les prochains mois seront assez turbulents et difficiles « , appelant les dirigeants européens à aider ce pays afin d’éviter qu’il ne sombre dans une situation de crise plus aigue. Pour la diplomatie britannique, l’Egypte représente « la pièce du puzzle la plus importante dans le monde du printemps arabe ». Parlant de conflits sectaires et de gros problèmes économiques auxquels se trouvent confrontés les pays touchés par les révolutions comme la Tunisie et l’Egypte, William Hague a mis en garde contre d’éventuels dérapages des mouvements de protestation populaires en raison de l’économie chancelante de leurs pays, des luttes entre différentes factions et de mouvements contre-révolutionnaires. Dans sa sortie médiatique intervenue quelques heures après l’expulsion par Londres de diplomates pro-Kadhafi, le chef du Foreign Office a par ailleurs, rejeté les critiques selon lesquelles la mission de l’Otan visant à déloger le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi prenait trop de temps. Les mouvements insurrectionnels en Libye, soutient-il, pourraient se jouer sur une génération avant de porter ses fruits. « On ne doit pas s’attendre à ce que tout soit réglé sans problèmes dans chaque pays (arabe). Ce n’est pas un jeu sur ordinateur, qui prend fin quand vous en avez assez de jouer », affirme le ministre britannique. En dépit de ses inquiétudes, William Hague grade néanmoins une certaine marge d’optimisme en assurant que les pays arabes en ébullition, ne devraient pas retourner sur la voie du despotisme. Même le président syrien Bachar al-Assad, dont les forces ont tué des centaines de civils, estime-t-il, « pourrait être délogé dans les six prochains mois ». « Les évènements ont montré que personne ne peut supposer qu’ils (les dirigeants syriens) soient capables de se maintenir au pouvoir ». Le même son de cloches chez les médias londoniens. Pour le quotidien « The Times », le monde arabe risque de sombrer dans une guerre civile, une lutte ethnique et une anarchie politique. Analysant la situation dans les différents pays arabes, le journal note que les monarchies héréditaires, comme le Maroc, la Jordanie et Oman, ont introduit suffisamment de réformes qui leur permettent de survivre. Par contre en Egypte, le quotidien parle de deux scénarios plausibles à savoir : l’arrivée au pouvoir d’Islamistes extrémistes ou une intervention de l’armée qui portera un coup fatal à toute aspiration de liberté et de démocratisation. De son côté, le quotidien des milieux d’affaires «Financial Times » qualifie de tendue, la situation en Egypte, où relève-t-il, la confrontation entre l’armée et les jeunes manifestants, a plongé la transition démocratique dans une grave crise. Pour l’auteur de cet article, l’institution militaire égyptienne, qui faisait partie du régime autoritaire, a fait montre d’un manque d’expérience en jouant le rôle de gardien d’une révolution de jeunes.