Bruxelles s’apprête à nommer un représentant spécial pour la rive sud de la Méditerranée avec pour mission de densifier la politique de l’Union Européenne (UE) dans la région et d’accroître son influence dans le contexte des mutations rapides édictées par le «printemps arabe». Ce nouveau poste devrait être attribué après approbation des 27 pays membres de l’UE, à un diplomate espagnol qui connaît bien la région pour avoir longtemps travaillé sur le dossier du conflit du Moyen-Orient. Il s’agit de Bernardino Leon, haut conseiller en matière de politique étrangère au sein du gouvernement espagnol. Longtemps accusés de fermer les yeux sur les régimes autoritaires en place avant le début du «printemps arabe», les 27 membres de l’UE entendent se repositionner dans cette région stratégique, en adoptant une nouvelle approche pour mieux défendre leurs intérêts économiques et géostratégiques dans les cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Egypte) ainsi qu’en Mauritanie.
Bruxelles craint d’être dépassée par les événements et de perdre toute cette région qui faisait traditionnellement partie de sa zone d’influence. Elle cherche ainsi à couper le chemin aux autres puissances comme les Etats Unis ou la Chine qui veulent y mettre pied à terre avec l’avènement attendu de nouveaux régimes « démocratiques ». C’est dans ce sens que le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité commune, Catherine Ashton a proposé officiellement le 29 juin au conseil européen, de nommer le diplomate espagnol Bernardino Leon, au poste de représentant spécial de l’UE pour la région du sud de la Méditerranée. « Avec les changements capitaux en cours dans le sud de la Méditerranée, le nouveau Représentant spécial de l’UE aura un rôle crucial dans la réponse accélérée de l’UE aux transformations dans la région », a précisé Catherine Ashton, également vice-présidente de la commission européenne. Selon la responsable européenne, les Vingt-sept souhaitent renforcer leur influence dans ces pays géographiquement proches et adopter une politique méditerranéenne plus claire. Bruxelles qui a déjà promis une aide économique substantielle de plusieurs milliards d’euros à l’Egypte et à la Tunisie pour accompagner les changements en cours et encourager les réformes annoncées, entend ainsi se réconcilier avec les peuples d’Afrique du Nord qui lui reprochent d’avoir toujours soutenu les anciennes dictatures. Mais, pareilles initiatives suffiront-elles pour l’ouverture d’une nouvelle page dans les rapports nord-sud ? Bernardino Leon qui a été depuis 2008, Secrétaire général à la primature espagnole et conseiller en politique étrangère auprès du Premier ministre, aura donc la délicate mission de mettre en place la nouvelle approche de l’Union dans la région à l’aune des mutations politiques et géostratégiques que connaissent plusieurs pays du Monde Arabe, dont ceux du Maghreb.