Les défections se multiplient à un rythme soutenu surtout dans le rang des officiers supérieurs de l’armée du colonel Mouammar Kadhafi, mais également parmi les hauts dirigeants du régime de Tripoli. Durant les cinq derniers jours, plus d’une centaine de militaires, dont de hauts gradés, ont annoncé leur défection pour se réfugier dans des pays voisins, notamment la Tunisie et l’Italie.
Lundi 30 mai, huit officiers libyens, dont cinq du grade de général, ont annoncé à Rome leur défection. Lors d’une conférence de presse tenue à Rome, l’ancien ministre libyen des Affaires étrangères et ambassadeur de Libye à l’ONU, Abdel Rahman Chalgham, qui avait lui-même quitté le régime en février, a précisé que les huit officiers « font partie des 120 autres qui ont quitté Kadhafi et la Libye ces derniers jours ». Les cinq généraux, deux colonels et un major ont appelé les autres officiers et militaires encore fidèles au colonel Kadhafi, à se joindre à eux et au peuple libyen «en quittant le parti de ce despote et criminel ».
Ces officiers ont réussi à fuir la Libye grâce au concours des services de renseignements italiens, comme l’a confirmé le porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères, Maurizio Massari, dont les services co-organisaient la conférence de presse.
Les défections en cours, a soutenu pour sa part, le général Salah Giuma Yahmed, signifient que les forces de Kadhafi ne pouvaient plus soutenir le régime. Les troupes de Kadhafi, a-t-il soutenu, tournent actuellement à 20% de leurs capacités militaires à cause des frappes aériennes de l’OTAN.
Ces officiers ne sont pas les seuls à avoir déserté l’armée, une centaine d’autres officiers ont également fait défection ces deniers jours. Un groupe de neuf militaires, dont un colonel et quatre commandants, est arrivé dimanche 29 mai à bord d’une embarcation dans un port tunisien de Ben Guerdane (sud). Deux jours auparavant, 22 autres militaires, dont plusieurs officiers supérieurs, ont accosté dans le port tunisien de Ketf venant de Misrata. Ils portaient encore leurs armes qu’ils ont remises à l’armée tunisienne.
Par ailleurs, Mahmoud Chammam, responsable de l’Information au Conseil national de transition (CNT-rébellion), qui contrôle l’Est de la Libye, avait annoncé le 30 mai, que « huit hauts gradés des brigades de Kadhafi, dont quatre généraux de brigade, se sont joints à la révolution ».
Si la situation des civils sur le terrain pris entre deux feux est jugée « très douloureuse » surtout à Misrata et Adjabiya, les défections en série des militaires apparaissent comme une nouvelle entaille dans la cuirasse de l’inamovible guide libyen. Kadhafi et ses rejetons se sentent de plus en plus isolés et abandonnés par leur vieille garde.