Initiée par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, la réconciliation nationale peine toujours à se concrétiser sur toute l’étendue du territoire algérien. Pour colmater les vielles blessures, le régime algérien serait en train de préparer le terrain pour une amnistie générale qui inclurait les détenus islamistes. Dans moins de deux mois, les autorités carcérales ouvriront les portes de leurs geôles pour libérer quelque 7000 détenus islamistes, dont la plupart, sont des militants de l’ex Front Islamique du Salut (FIS- parti d’opposition dissout).
Selon le journal français « Le Monde » de lundi 23 mai, des négociations à ce sujet, sont actuellement engagées par des dirigeants de l’ex FIS et le pouvoir algérien en vue de la libération des détenus islamistes et du retour sur la scène politique de cette mouvance, pas forcément sous forme de parti politique. « Nous avons reçu une réponse positive à un très, très haut niveau. La réconciliation nationale évolue vers une amnistie générale, pour tourner la page de la tragédie », a assuré Hachémi Sahnouni, l’un des fondateurs du Front islamique algérien. En contrepartie de la libération prévue pour le 4 ou 5 juillet, ajoute la même source, les prisonniers graciés s’engageraient, par écrit, à ne plus reprendre les armes. Les négociations ont commencé il y a trois ans, le 27 août 2008, entre l’Etat algérien et un groupe islamiste composée d’anciens responsables du FIS, dissous en 1992, et du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), dont un de ses fondateurs, Hassan Hattab. Ce groupe avait fait allégeance en 2007 à Al Qaïda pour être rebaptisé Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). La commission comprend aussi Madi Abderrahmane, dit Abou Hajar, ancien fondateur du Groupe islamiste armée (GIA). Il s’agit bel et bien d’une tentative des islamistes de «revenir dans le jeu politique en recomposant le champ islamiste, qui fasse la synthèse entre les Frères musulmans, les radicaux et les salafistes non djihadistes, avec l’aide du pouvoir ». « Le FIS, poursuit Hachémi Sahnouni, c’était un soulèvement populaire qui a dérivé. Mais si on ne donne pas la parole au peuple à travers des élections propres, on ne réconciliera jamais le peuple avec le pouvoir, jamais ». Le pouvoir algérien qui craint d’être touché par les révoltes arabes, va-t-il enfin lâcher du lest pour laisser place à un redéploiement de la composante islamiste dans un nouveau paysage politique du pays ?