Le clan du guide libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, se sent de plus en plus isolé. L’étau ne cesse de se resserrer autour de Kadhafi et ses fils qui résistent depuis trois mois sous les feux des frappes aériennes de l’OTAN, des attaques armées au sol des insurgés. A président c’est au tour de la justice internationale de les prendre pour cibles. Plus grave encore c’est que Kadhafi voit son entourage s’effriter.
Le ministre du pétrole « Choukri Ghanem, un cacique du régime libyen, a quitté à bord d’une voiture la Libye en direction de la Tunisie. Il a été perçu le samedi 14 mai à son passage par le poste-frontalier tunisien de Ras Jedir. Les autorités tunisiennes n’ont pas pipé un mot sur sa présence sur leur territoire, mais on apprend de sources tunisiennes concordantes, que Choukri Ghanem s’est installé dans un hôtel à Djerba (île touristique dans le sud de la Tunisie).
Il n’attend, selon les mêmes sources, que le moment opportun pour se rendre dans un pays sûr, où il compte demander l’asile politique. Le problème c’est que son nom figure sur la liste des cinq officiels libyens dont les avoirs aux Etats Unis ont été gelés par Washington dans le cadre des sanctions économiques décrétées contre le régime libyen, comme l’a annoncé le 8 avril dernier le département du Trésor américain. Si la défection du ministre libyen du Pétrole venait à se confirmer, elle va avoir un fort impact sur le colonel Kadhafi et son entourage. Elle risque d’encourager d’autres poids lourds du régime à lui emboiter le pas. Du côté des insurgés, un porte-parole du Conseil National de Transition (opposition armée) a indiqué que la rébellion n’a eu pour le moment aucun contact avec Choukri Ghanem et ne sait pas s’il compte rejoindre ses rangs. Sur le terrain, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero a affirmé que «les choses sont en train d’évoluer» en faveur de l’opposition armée. Pour Valero, «le compte à rebours s’accélère » pour la chute imminente du régime de Kadhafi. Ce qui est frappant au cours des dix derniers jours, a-t-il dit, « c’est de voir l’isolement croissant de Kadhafi et combien le cercle de ceux qui l’accompagnaient dans cette aventure criminelle et folle s’est réduit ».
Le 16 mai, Luis Moreno-Ocampo, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a demandé aux juges de délivrer des mandats d’arrêt contre Mouammar Kadhafi, son fils, Seif Al-Islam et Abdallah Al-Senoussi, chef des renseignements. Trois mois après le début de l’insurrection libyenne, la CPI affirme avoir la preuve que les trois hommes se sont rendus coupables de crimes contre l’humanité. Le clan Kadhafi est à présent partout traqué et son entourage ne tardera pas à prendre la poudre d’escampette.