Le débat sur la laïcité et l’islam en France initié par le parti de la majorité, l’UMP, a finalement eu lieu le 5 avril. Mais il n’a duré que l’espace d’une demi-journée après plusieurs semaines de polémique sur la pertinence d’un tel déballage. Une discussion qui a été largement critiquée, à gauche comme à droite, et qui a confirmé les divisions jusqu’au sein de la majorité sur son opportunité. La tenue de ce débat a été l’œuvre de l’Elysée après les déclarations du président Sarkozy sur l’existence en France d’un « prosélytisme religieux agressif » et « l’échec du multiculturalisme ».
L’initiative présidentielle, qui portait au départ sur la laïcité et l’islam, a été lancée en février sous l’appellation relookée « laïcité pour mieux vivre ensemble ». Un euphémisme qui n’a pourtant pas réussi à rallier grand monde. Hérissés par un débat qu’ils jugeaient provocateur, les dignitaires religieux de six cultes ont dénoncé le risque de stigmatisation de la communauté musulmane vivant en France dans son ensemble. Ils ont même publié un texte dans lequel ils expriment leur rejet de ce débat et leur attachement à la laïcité. L’initiative du parti du président a été tout aussi critiquée à gauche. Le Parti socialiste a reproché au camp présidentiel de chercher, dans une période préélectorale risquée, à séduire l’électorat du Front National, le parti xénophobe de Marine Le Pen. Cette dernière avait d’ailleurs provoqué une polémique en décembre en s’attaquant aux prières de rue de certains musulmans de France. Mais la plus grande victime de ce débat mal entamé semble être le parti du président lui-même. Plus que le débat lui-même, ce sont les désaccords surgis entre les dirigeants de l’UMP qui ont occupé les devants de la scène. La brouille entre le premier ministre François Fillon et le secrétaire général du parti présidentiel, Jean-François Copé, en est une parfaite illustration.