Ceux parmi les observateurs qui disaient que la Libye était immunisée contre le vent de la révolte qui souffle sur bon nombre de pays arabes du Maghreb et Machreq ont sûrement fait un faux pronostic. « Une journée de la colère » contre le régime de l’inamovible Colonel Mouammar Kadhafi, est programmée dans tout le pays, par des groupes d’opposants libyens pour le 17 février prochain. Pour anticiper tout débordement, le guide libyen a réuni d’urgence, une cellule de crise et donné ses strictes instructions à tous les chefs des services sécuritaires, dont le redoutable service secret des Moukhabarat.
La première victime de ces instructions est l’activiste et écrivain libyen Jamal al-Hajji, supposé être l’instigateur de l’appel via Internet, à la manifestation. Ce militant des droits de l’homme ayant la double nationalité libyenne et danoise, a été arrêté le 1er février dans un parking de Tripoli, par une dizaine d’officiers des Moukhabarat, qui lui ont collé le délit de fuite après avoir percuté un piéton avec sa voiture. Les agents vêtus en civil relevaient non de la police de la circulation mais de la fameuse Agence de sûreté intérieure spécialisée dans les arrestations d’opposants politiques.
L’appel à «une manifestation de masse à travers le pays contre le régime en place», a été lancé via Internet par la Conférence nationale pour l’opposition libyenne qui regroupe des opposants libyens et principalement des étudiants.
Le colonel Kadhafi qui avait pris la défense de ses homologues tunisien, Zine El Abidine Ben Ali et égyptien, Hosni Moubarak, a également ordonné à ses subalternes de mater toute forme de rébellion et de faire barrage aux tentatives de manifester dans les rues à Tripoli et dans d’autres villes du pays.
Le Colonel Kadhafi a lancé des critiques acerbes à l’endroit de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, qu’il accuse d’avoir incité à la rébellion en Tunisie et en Egypte. Il n’a pas non plus, épargné le Mossad, services secrets israéliens, qu’il accuse d’être à l’origine de la situation actuelle en Egypte et dans d’autres pays arabes.
Arrivé au pouvoir au lendemain de son coup d’Etat, le 1er septembre 1969, contre le roi Idriss Ier, Kadhafi, conduit d’une main de fer son pays, aidé en cela par les fameux comités révolutionnaires qui quadrillent tout le pays. Son fils Seif Al-Islam, très impliqué dans le monde de la politique, est pressenti pour prendre sa succession.
En attendant la «journée de la colère», le colonel kadhafi réunit chaque jour son staff sécuritaire pour faire le point de la situation dans son propre pays mais également chez ses voisins l’Egypte et la Tunisie.