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Main basse des Libyens sur Sotel Tchad

Pour la coquette somme de 90 millions de dollars, le fonds souverain libyen Libyan African Investment Portfolio s’est offert 60% de l’opérateur public tchadien des télécommunications «Sotel». La transaction marque la fin du long feuilleton de la privatisation de l’opérateur historique tchadien. Inscrite sur la liste des entreprises privatisables depuis 2001, la Société Sotel Tchad a enfin trouvé un acquéreur. L’opérateur des télécommunications libyen LAP Green Network a été déclaré, le 1er novembre, « adjudicataire final » de l’appel d’offres pour l’acquisition de 60% du capital de la société, jusque-là détenue à 100% par l’Etat tchadien.

«Cette opération respecte les critères fixés par l’Etat, à savoir un prix attractif et un engagement de l’acquéreur pour le développement de la société et la préservation de la paix sociale au sein de l’entreprise », a indiqué Youssouf Abassallah, ministre tchadien du Commerce et de l’Industrie. L’accord de cession a été signé à N’Djamena, en présence des chefs d’état tchadien, Idriss Déby Itno et libyen, Mouammar Kadhafi. Aux termes de cet accord, l’Etat tchadien garde l’option de transférer aux salariés 6,5% du capital de Sotel Tchad, qui a été valorisé à 150 millions de dollars par le cabinet français Messier & Associés. Le gouvernement tchadien demeure propriétaire du reste du capital du groupe, qui propose notamment des services de téléphonie fixe, mobile et d’Internet. Dans le cadre de cette transaction, LAP Green Network promet d’attendre 1,8 million d’abonnés au service de téléphonie mobile, 20.000 nouvelles lignes de téléphonie fixe et 15.000 lignes d’Internet à haut débit (ADSL). Au plan social, LAP Green Network, filiale du fonds souverain libyen Libyan African Portfolio (LAP), l’instrument de la réalisation de la politique continentale de Kadhafi, a l’obligation de ne procéder à aucun licenciement non justifié. L’apport financier du fonds d’investissement libyen, dirigé par Béchir Salah Béchir, directeur du cabinet de colonel Kadhafi depuis 1998, permettra d’élargir le parc d’abonnés de l’opérateur tchadien, né en 1998 de la fusion entre l’Office national des postes et télécommunications (ONPT) et la société des Télécommunications internationales du Tchad (TIT). C’est plus qu’une transaction commerciale, c’est plutôt une providence pour le gouvernement Idriss Déby Itno. Non seulement celui-ci a une belle somme d’argent frais entre les mains, mais il va enfin se débarrasser du lourd fardeau budgétaire que représentait Sotel Tchad pour le trésor public.

 

 

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