La tension est montée d’un cran ces derniers jours entre les deux Royaumes voisins,l’ ibérique et le chérifien. A l’origine, des incidents autour des villes de Ceuta et Melilla qui se sont accumulés et auxquels s’est ajoutée une attaque médiatique en règle des médias ibères contre le souverain marocain Mohammed VI. C’est la police espagnole des frontières qui serait à l’origine de la crispation, des images pirates montrant des officiers espagnols maltraitant des marocains ayant été reprises par tous les médias du pays.
Mis sous pression par son opinion publique, le gouvernement marocain a adressé depuis la mi-juillet cinq notes de protestation à Madrid, pour dénoncer ces comportements dont auraient été victimes selon lui dix-sept marocains, blessés ou traumatisés.
L’Espagne est d’autant plus déconcertée qu’à ces communiqués s’ajoutent des manifestations de protestation de Marocains, de Sub-sahariens et d’ONG des droits de l’homme devant des représentations diplomatiques espagnoles au Maroc, et qu’un quasi blocus de Melilla en produits frais a été entamé depuis la semaine dernière, faisant de cette petite enclave une zone sinistrée.
Après un entretien téléphonique avec le Roi Mohammed VI, le Roi Juan Carlos d’Espagne a chargé son ministre de l’intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba d’aller à Rabat le 23 août prochain, pour tenter d’apaiser la situation avec son homologue marocain, Taieb Cherkaoui. Vont-ils y parvenir pour que les relations bilatérales retrouvent leur cours normal ? Tout dépend de la volonté politique qui anime chacun des deux pays. Au moins, une chose est sûre, c’est qu’ils auront du pain sur la planche.
Il n’y a pas que les dérives de la police espagnole qui crispent les relations entre Rabat et Madrid, car en coulisses, l’on impute cette tension plutôt à l’accroissement ces derniers temps, de l’activité des agents des services de renseignements espagnols dans la zone nord du Maroc, les survols répétés et non autorisés des côtes marocaines septentrionales par des hélicoptères de l’armée espagnole et enfin le peu d’enthousiasme dont ont fait montre les autorités espagnoles, pour accueillir le nouvel ambassadeur du Maroc à Madrid, Ahmeddou Ould Souillem, un transfuge du mouvement front Polisario. Ajouté à cela, la visite impromptue à Melilla d’une veille connaissance de Rabat, José Maria Aznar -honni au sein du Royaume Chérifien- qui est venu jeter de l’huile sur le feu d’une situation déjà explosive en se fendant de déclarations allant dans le sens d’une position ferme du parti populaire espagnol. Certains observateurs y voient une tentative de vengeance d’Aznar, qui n’a toujours pas avalé que des médias marocains révèlent il ya trois ans qu’il serait le père présumé de Zohra, fille de l’ex-ministre de la justice française Rachida Dati.