Le président turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré en fin de semaine dernière que son pays n’était pas pressé de lancer une nouvelle offensive militaire contre les militants kurdes armés en Syrie, ce qui ne suffit pas à rassurer les acteurs régionaux qui redoutent une déstabilisation encore plus poussée de la région.
Vendredi dernier, en marge du sommet de l’Otan à Madrid où il a rencontré le président américain, Joe Biden, le président turc a déclaré qu’il était « inutile de se presser » à propos de l’opération prévue, sans toutefois fixer de délai.
Le président Erdogan a menacé à plusieurs reprises depuis fin mai, de mener une nouvelle opération militaire contre deux localités du nord de la Syrie, Tal Rifaat et Manbij, visant des combattants kurdes qu’il qualifie de «terroristes».
Les experts attribuent le report du lancement de cette opération par le fait que la Turquie n’a pas encore le soutien de la Russie pour une intervention militaire contre les Unités de protection du peuple (YPG) kurdes de Syrie, qu’Ankara accuse d’avoir des liens directs avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis et principalement dirigées par les YPG, tiennent toujours de vastes zones du nord-est de la Syrie. Les Kurdes sont considérés par Washington comme un allié important contre l’Etat islamique dans la région.
L’Iran, allié du président syrien Bachar al-Assad mais aussi important partenaire commercial de la Turquie, s’est également montré ferme dans son opposition à toute opération militaire turque dans la région, même si Téhéran est hostile tout comme Ankara aux séparatistes kurdes qui mènent des opérations tant en Turquie qu’en Iran.
Ankara a déjà mené trois opérations militaires dans la région syrienne frontalière à savoir les opérations «Bouclier de l’Euphrate» en 2016, «Rameau d’olivier» en 2018 et «Source de paix» en 2019.
Le plan initial de la Turquie était d’établir une zone de sécurité de 30 kilomètres de profondeur le long de sa frontière sud avec la Syrie, à la fois pour repousser les YPG et pour rapatrier environ un million de réfugiés syriens dans une zone de sécurité plus large, ce à quoi Damas s’oppose fermement.