Dans un nouveau rapport publié ce jeudi, l’ONG Amnesty International dénonce des conditions de travail des agents de sécurité au Qatar, s’apparentant à du «travail forcé», «y compris dans des projets liés à la Coupe du Monde de football 2022», alors que des milliers d’agents doivent être recrutés d’ici au début du Mondial.
Les auteurs de cette enquête ont interrogé de nombreux employés entre avril 2021 et février 2022. Ils rapportent que trente-quatre actuels et anciens employés de huit sociétés de sécurité privées, des travailleurs migrants originaires principalement du Kenya et d’Ouganda, ont décrit des journées de travail de plus de 12 heures, 7 jours sur 7 (soit 84 heures par semaine), parfois sans ombre ou eau potable durant les mois les plus chauds.
Pourtant, la loi qatarie prévoit un maximum de 60 heures de travail hebdomadaires et un jour de repos, le minimum fixé par l’Organisation internationale du travail (OIT).
Les enquêteurs signalent également que les travailleurs qui prennent ce congé ou un arrêt maladie «risquent des retenues arbitraires sur leur salaire», que les heures supplémentaires sont insuffisamment payées, et que les travailleurs n’ont pas l’opportunité d’être défendus par un syndicat. Les conditions de travail et les salaires varient selon l’origine des travailleurs, ceux d’Afrique subsaharienne étant les plus maltraités.
Le ministère qatari du Travail assure que le pays «a pris des mesures immédiates pour remédier aux cas particuliers d’actes répréhensibles» et que «la prévalence des entreprises qui enfreignent les règles continuera de diminuer ».
Suite aux nombreuses critiques qui se sont abattues sur le pays depuis qu’il s’est vu attribuer en 2010, le premier Mondial de foot dans un pays arabe, le Qatar a mené d’importantes réformes, abolissant le système de parrainage faisant des salariés des quasi-propriétés de leur employeur et instaurant un salaire minimum horaire.
Mais Amnesty International a révélé dans un récent rapport que les conditions de vie et de travail pour « de nombreux travailleurs immigrés au Qatar restent difficiles » malgré des « réformes naissantes ».