Dans son rapport 2021 publié ce mardi, l’ONG Amnesty International affirme que la France est «très loin de l’exemplarité qu’on pourrait attendre d’elle» en matière de respect des libertés publiques et des droits humains.
L’ONG dénonce « deux poids, deux mesures » dans la politique d’accueil des réfugiés en France. Selon le Premier ministre français, Jean Castex, l’Etat français a mis sur pied un schéma d’accueil et d’hébergement proposant « au moins 100.000 places » pour les réfugiés ukrainiens fuyant la guerre dans leur pays.
Mais le 16 août dernier, dans son intervention sur l’Afghanistan, le président français Emmanuel Macron avait appelé à « anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants », alors que de nombreux Afghans fuyaient leur pays après la reprise du pouvoir par les Talibans.
Dans une déclaration à la presse, Nathalie Godard, directrice de l’Action à Amnesty International France, a aussi souligné que la protection temporaire accordée par les ministres européens de l’UE aux réfugiés d’Ukraine, qui leur permettra de séjourner jusqu’à trois ans dans l’Union européenne, d’y travailler, d’accéder au système scolaire et d’y recevoir des soins médicaux, avait « aussi été demandée pour les Afghans sans succès ».
Amnesty International stigmatise également les « traitements dégradants » subis par les exilés, notamment à Calais, où « la police et les autorités locales ont limité leur accès à l’aide humanitaire et les ont soumis à des manœuvres de harcèlement ».
Et enfin, dans son rapport annuel, Amnesty International estime également que la France « fait partie » des 67 pays au monde qui ont « adopté en 2021 des lois qui restreignent la liberté d’expression, d’association et de réunion ».
Elle cite la promulgation fin juillet 2021 de la loi sur la prévention du terrorisme, qui entérine notamment les mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas), la loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure du 24 janvier 2022 autorisant les captations d’images de manifestations par les drones et qui constitue selon elle « un pas de plus vers la surveillance de masse », ou encore la loi dite « séparatismes » du 24 août qui « risque d’ouvrir la voie à des pratiques discriminatoires » sous couvert de lutte contre l’islamisme radical.