L’ONG espagnole Caminando Fronteras a publié hier lundi son bilan annuel des victimes des routes migratoires de la frontière Euro-africaine, révélant que plus de 4.000 personnes ont disparu l’an dernier en tentant la traversée de la Méditerranée vers l’Espagne, soit deux fois plus qu’en 2020.
Caminando Fronteras dresse chaque année depuis 2015, le bilan des victimes de drames migratoires grâce aux appels de migrants ou de leurs proches sur les numéros d’urgence.
Depuis cette date, l’année 2021 est la plus meurtrière sur les routes migratoires qui mènent à l’Espagne. Ce sont plus précisément 4.404 personnes, dont 628 femmes et 205 enfants, qui sont décédées ou portés disparues sur les routes migratoires vers l’Espagne en 2021, soit en moyenne douze personnes par jour.
Les corps de la quasi-totalité d’entre eux (94%) n’ont jamais été retrouvés et sont donc comptabilisés comme des disparus. En 2020, ce sont 2.170 personnes qui étaient mortes ou disparues en tentant de rejoindre l’Europe via l’Espagne.
Le bilan de l’ONG espagnole est bien supérieur à celui de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui ne fait état que de 1.279 morts ou disparus à travers les quatre voies empruntées par les migrants pour rallier l’Espagne.
Bien qu’inférieur à celui de l’ONG Caminando Fronteras, ce bilan de l’OIM fait également de l’année 2021, une année noire, la plus meurtrière selon ses données, ainsi que celles de l’ONG espagnole APDHA.
Selon l’ONG Caminando Fronteras, les migrants empruntent quatre routes pour tenter de rejoindre l’Espagne à savoir la route algérienne, la route d’Alboran, au cœur de la mer Méditerranée, celle dite « du détroit » (de Gibraltar) et la route des îles Canaries.
C’est cette dernière, située en plein océan Atlantique, qui est la plus dangereuse, ce qui ne l’a pas empêché de voir le nombre de personnes qui ont tenté d’atteindre l’archipel espagnol depuis le nord-ouest de l’Afrique avant de disparaitre en pleine mer, tripler en 2021 pour atteindre 4.016 personnes.
Caminando Fronteras attribue cette situation au renforcement des contrôles en mer Méditerranée, sur les routes du détroit, d’Algérie et d’Alboran, et la crise diplomatique en l’Espagne et le Maroc depuis mai 2021.