Le gouvernement de transition a confirmé cette semaine la désignation officielle du HCI (Haut Conseil islamique) comme instance chargée de « négocier avec les djihadistes maliens ». La confirmation de l’ouverture d’un dialogue avec les islamistes armés menace d’accroître les tensions entre le Mali et la France, depuis toujours opposée à de telles tractations.
Un dialogue avec les djihadistes devrait principalement concerner les deux chefs djihadistes Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly et leurs groupes affiliés à Al-Qaïda, et non pas à l’organisation Etat islamique.
Si aucun calendrier n’a été avancé sur le début des négociations, pas plus que leur substance, par le pouvoir malien, Iyad Ag Ghali, l’émir du groupe de soutien de l’islam et des musulmans est très clair sur ses conditions pour la paix qui sont le départ des troupes étrangères, notamment françaises, du Mali et l’application de la charia, la loi islamique.
La décision du gouvernement de transition n’a fait que formaliser une situation existante depuis plusieurs années. Depuis 2017, le pouvoir malien a exprimé sa volonté d’ouvrir des tractations avec les islamistes armés, affiliés à Al-Qaïda, qui n’ont cessé d’accroître leur rayon d’action dans le nord et le centre du pays.
Si le HCI, trait d’union entre les autorités politiques et les associations religieuses, avait déjà multiplié les contacts, son statut de facilitateur n’avait pas été formellement officialisé, ni par l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé en août 2020, qui avait reconnu l’existence de contacts en février 2020 mais qui ne croyait guère au dialogue avec les djihadistes, ni par les premières autorités de transition qui ont laissé ce projet en jachère.
Mais les autorités de transition du Mali se présentent à ces négociations face aux islamistes armés en position de faiblesse, sans reconquête territoriale à opposer. Par ailleurs, dans un contexte de tension autour de la possible arrivée de mercenaires russes au Mali, la perspective de ces négociations risque d’éloigner encore davantage Paris de Bamako, la France s’étant jusqu’ici efforcée de dissuader les Maliens d’avancer dans cette voie.