La justice russe a désigné hier mercredi comme « extrémites » les organisations de l’opposant emprisonné, Alexeï Navalny, une décision qui, à l’approche des élections législatives de septembre, permet la liquidation de ces organisations et une répression accrue des partisans de l’opposant.
Le jugement vise notamment le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), connu pour ses enquêtes retentissantes sur le train de vie et les malversations des élites russes, et les bureaux régionaux d’Alexeï Navalny, qui s’occupent d’organiser les manifestations et les campagnes électorales.
Après l’annonce de la décision, un représentant du parquet, Alexeï Jafiarov a déclaré aux journalistes qu’ « il a été reconnu que ces organisations non seulement diffusaient volontairement des informations incitant à la haine et à l’hostilité envers les représentants du pouvoir, mais commettaient également des crimes et délits éxtrémistes ».
Les avocats d’Alexeï Navalny ont dénoncé dans un communiqué « un procès à huis clos avec certains documents classés « secrets » et annoncé leur intention de faire appel de la décision qui a été critiquée par les Occidentaux, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
L’issue de cette procédure ne faisait peu de doutes, le réseau des bureaux régionaux d’Alexeï Navalny ayant été déjà classé fin avril dans la liste des organisations «extrémistes» du service de surveillance financière. En conséquence, il avait procédé à son autodissolution pour éviter des poursuites à ses membres.
Alors qu’Alexeï Navalny purge une peine de deux ans et demi de prison pour une accusation de fraude qu’il juge politique, la répression s’est accentuée ces derniers mois contre son équipe, poussant plusieurs de ses cadres à l’exil, mais aussi contre des médias indépendants et d’autres membres de l’opposition.
La semaine dernière, le président russe Vladimir Poutine a promulgué une loi interdisant aux collaborateurs d’organisations « extrémistes » de participer aux élections.
Pour l’opposition, ce texte vise à neutraliser les candidats dangereux pour le pouvoir avant les législatives de septembre, qui s’annoncent délicates pour le parti du Kremlin, Russie unie, en recul dans les sondages dans un contexte de stagnation économique.