Le journal français Le Parisien a révélé mardi dernier qu’un couple originaire de Limoges, en France, a été placé sous contrôle judiciaire après que des dizaines de milliers d’euros provenant du pillage dans une banque à Benghazi aient été retrouvés à leur domicile.
Selon le média francilien, le couple, une femme de 39 ans et un homme de 42 ans, a été interpelé en possession de 35 000 euros en billets moisis. Ils avaient déjà écoulé 40 000 euros en quelques mois. D’abord en garde-à-vue, le couple a reconnu les faits, puis libéré pour être placé sous contrôle judiciaire au début de ce mois.
Cette découverte a été réalisée après dix mois d’enquête menée par la Police judiciaire et l’Office central pour la répression du faux monnayage. Tout aurait commencé en 2017 avec le pillage d’une banque par l’Armée nationale libyenne du général Haftar qui s’efforçait de prendre Benghazi.
La banque contenait au total 160 millions d’euros en espèces, des grosses coupures de 100 et 200 euros, imprimés en 2010 sur demande de Mouammar Kadhafi, tué en 2011. Selon une source judiciaire citée par le quotidien régional, la moitié des ce pactole aurait servi « à acheter des armes, du matériel ». « L’argent a aussi été vite dilapidé ou placé dans d’autres banques en sécurité ».
Les 80 millions restants, en mauvais état, marqués, noircis, moisis, collés, détériorés, immergés sous l’eau par le système de défense des coffres ou touchés par des bombardements, devenaient plus difficiles à écouler pour les rebelles. Selon un rapport européen, ils auraient finalement été vendus « entre 20 et 40% de leur valeur faciale à la mafia turque ».
Les premiers billets dévalués auraient commencé à circuler en Europe dès 2018. L’argent est vendu en Turquie entre 50 et 75% de sa valeur faciale. Des malfrats s’y rendent pour l’acheter. Selon les estimations de l’ONU, entre six et huit millions d’euros ont été écoulés en Allemagne et près d’un million en France.
La femme du couple interpelé en France, déjà connue pour des faits d’escroquerie, aurait effectué plusieurs allers-retours en Turquie pour récupérer cette monnaie, avant le confinement. Les suspects français sont les seuls inquiétés à l’heure actuelle pour blanchiment en bande organisée et recel de vol aggravé, mais l’enquête se poursuit pour remonter la piste de ce réseau turc.