Dans un rapport de 184 pages adressé au Premier ministre français, Jean Castex, la Commission d’évaluation a mis en avant le mauvais impact sur l’environnement du vaste accord commercial entre l’Union européenne et les pays sud-américains du Mercosur.
Présidée par l’économiste français de l’environnement, Stefan Ambec, cette commission d’experts, avait été chargée en juillet 2019 par le Premier ministre français, de conduire une évaluation indépendante sur les «effets potentiels en matière de développement durable» de cet accord signé en été 2019, entre l’Union européenne et le Mercosur, qui regroupe le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Ledit accord doit être ratifié par tous les parlements nationaux pour être définitivement validé.
La Commission dénonce la nature même du projet d’accord qui vise à promouvoir les exportations de viande du Mercosur en échange de voitures, de machines agricoles et de produits chimiques européens, sans aucune obligation environnementale.
Dans son rapport d’évaluation de la déforestation en Amazonie résultant d’une hausse de la production de viande bovine, la commission a calculé que la hausse de 2 à 3% de la production de viande bovine qui résulterait d’une plus grande ouverture des marchés des deux continents devrait conduire, en mobilisant des pâturages supplémentaires, à une « accélération de la déforestation annuelle de l’ordre de 5% » pendant les six années suivant l’application de l’accord.
En démultipliant les émissions de CO2, cette déforestation rend le coût environnement de l’accord trop élevé par rapport à ses bénéfices économiques, précise la Commission.
La commission Ambec formule donc, onze recommandations, appelant notamment la Commission européenne d’inscrire «dans son mandat de négociation commerciale, la réflexion sur une taxe carbone aux frontières» de l’UE, afin que le prix des produits importés intègre le coût environnemental.
Suite à la publication de ce rapport, les ONG Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme et Institut Veblen ont demandé dans un communiqué commun, que la France bloque cet accord.
Deux parlements l’ont déjà rejeté sous sa forme actuelle et la chancelière allemande Angela Merkel a émis, pour la première fois le 21 août, de «sérieux doutes» au sujet de cet accord, emboîtant le pas au président français, Emmanuel Macron qui avait menacé de ne pas ratifier l’accord si le gouvernement brésilien ne prenait pas les mesures nécessaires pour protéger la plus grande forêt tropicale du monde, où les incendies ont progressé de 28% en un an.