Réunis en sommet virtuel pendant près de trois heures, les 15 chefs d’Etat de la Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ont mis au point un plan de sortie de crise au Mali qui prévoit notamment le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta et menace de sanctions ceux qui y seraient opposés. Si le pouvoir malien semble favorable à cette initiative, ce n’est pas le cas de l’opposition.
Pour rétablir la stabilité au Mali, les chefs d’Etat de la Cédéao ont demandé la démission des 31 députés dont l’élection est contestée, y compris le président du Parlement Moussa Timbiné, une démission qui devrait ouvrir la voie à des élections partielles.
Ils ont également demandé à ce que la Cour constitutionnelle soit recomposée et recommandé à l’unanimité la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Les chefs d’Etat de la Cédéao ont insisté pour que les mesures prônées soient mises en œuvre « au plus tard » ce vendredi.
Dès hier soir, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a constitué un gouvernement de six membres autour du Premier ministre Boubou Cissé et lui a confié la mission de négocier la formation d’un gouvernement d’union nationale, conformément aux recommandations de la Cédéao.
La Cédéao, qui craint une déstabilisation du Mali, épicentre de la menace djihadiste dans la région, a également mis en place un régime de sanctions contre tous ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de la crise malienne. Même le Conseil de sécurité de l’ONU a, dans la soirée, appelé à suivre « sans délai » les recommandations de l’Afrique de l’Ouest.
Malgré ce soutien et cette menace, l’opposition a rejeté les recommandations de la Cédéao. Le Mouvement du 5 Juin (M5) ainsi que le rassemblement des forces patriotiques continuent de réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta et annoncent de nouvelles manifestations.
La crise actuelle au Mali a éclaté suite à l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des dernières législatives, sur fond d’exaspération après des années d’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du Mali, de marasme économique et d’une corruption jugée endémique.