Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez a entamé hier mercredi un dialogue avec les séparatistes de Catalogne pour tenter de désamorcer une crise qui envenime la politique en Espagne depuis des années. L’issue de ce dialogue pourrait bien décider de son maintien au pouvoir.
Le gouvernement central a reçu pendant trois heures à Madrid le chef du gouvernement régional de Catalogne, l’indépendantiste Quim Torra accompagné d’une importante délégation.
Un communiqué conjoint publié par les deux parties à l’issue de leurs entretiens, précise que cette première réunion a servi à jeter les bases du dialogue et constater la nature politique du conflit qui requiert une solution politique. Les deux délégations ont convenu qu’un groupe de travail se réunirait une fois par mois, alternativement à Barcelone et à Madrid.
Les indépendantistes catalans réclament le droit d’organiser un référendum d’autodétermination et ce qu’ils appellent «la fin de la répression», soit une amnistie pour les condamnés et exilés.
Madrid n’entend accepter ni l’une ni l’autre requête. Les divergences sont telles que l’optimisme n’est pas au rendez-vous quant à l’issue de ce processus.
Mais la reprise du dialogue est la condition posée par un des deux grands partis indépendantistes, la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), pour continuer à appuyer le gouvernement minoritaire de Pedro Sanchez et éventuellement voter le budget 2020.
Echouer à faire voter son budget, qui comprend son programme de dépenses sociales, obligerait Pedro Sanchez à retourner aux urnes, comme il a dû le faire en 2019 quand ERC, lui a déjà refusé ses voix. Mais faire voter le budget lui donnerait de l’air puisqu’un même budget peut être reconduit plusieurs années de suite.
L’enjeu est tel que le gouvernement formé par les socialistes et la gauche radicale, Podemos, est prêt, à modifier dès cette année dans le code pénal le délit de sédition et alléger la peine qui le sanctionne. Si l’amendement passait, les longues peines de prison que purgent actuellement neuf dirigeants séparatistes catalans, dont le chef de ERC, Oriol Junqueras, seraient réduites proactivement. De son côté, l’opposition de droite dénonce une remise de peine déguisée.