Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a reconnu hier lundi pour la première fois, l’existence de contacts avec les groupes djihadistes qui sévissent au Sahel, dans le but de mettre un terme aux tueries dans la région.
Dans un entretien accordé à la chaîne France 24 et à Radio France Internationale (RFI), le président malien a justifié ces contacts par le nombre de morts au Sahel qui croît selon lui, de façon exponentielle.
Ibrahim Boubacar Keïta a confié cette mission d’amorcer un dialogue avec les djihadistes à l’ancien président malien, Dioncounda Traoré. Mais la réponse des djihadistes à cette démarche d’approche se fait encore attendre.
Les révélations du président malien rompent avec l’attitude des plus hauts dirigeants maliens, qui avaient jusqu’à présent, rejeté officiellement tout dialogue avec les djihadistes. Mais pour IBK, il était devenu indispensable d’explorer les voies d’une sortie de crise après huit années de guerre.
Pour rappel, le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et djihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
Depuis quelques mois, le centre du Mali ainsi que le Burkina Faso et le Niger voisins connaissent une succession d’attaques djihadistes meurtrières contre les soldats et les civils, sans que les forces nationales et étrangères présentes dans la région, ne parviennent à les enrayer.
Dès mai 2019, le groupe de réflexion ICG (International Crisis Group) avait recommandé d’établir un dialogue avec les djihadistes et leurs partisans, préconisant un changement de cap combinant pression militaire, dialogue et désarmement pour amener les chefs djihadistes à la table des négociations.
Fin janvier, Dioncounda Traoré, haut représentant du président pour le centre du Mali, avait indiqué avoir personnellement envoyé des émissaires auprès d’Amadou Koufa et Iyad Ag Ghali, les deux principaux dirigeants djihadistes au Mali.