Le procès des laboratoires Servier, tenus pour responsables de centaines de morts suite au retentissant scandale du Mediator, un médicament qui a été retiré du marché fin 2009, s’est ouvert ce lundi au tribunal correctionnel de Paris.
Six mois de débats, jusqu’au 30 avril 2020, vont ainsi permettre d’établir les responsabilités dans ce qui a été qualifié de l’un des plus grands scandales sanitaires français.
Dans ce procès-fleuve, comparaissent d’un côté, le groupe pharmaceutique et neuf filiales, ainsi que l’agence de sécurité du médicament (ANSM), qui sera jugée pour «homicides et blessures involontaires» par «négligences» pour avoir tardé à suspendre le médicament malgré une accumulation d’alertes sur les risques depuis le milieu des années 1990, et plusieurs de ses membres mis en cause pour leurs liens avec Servier et d’autre part, les parties civiles représentant les milliers de plaignants et qui exigent «réponses et réparations».
La grande question à laquelle ce procès doit répondre est comment ce médicament, largement commercialisé comme coupe-faim, a-t-il pu être prescrit pendant 33 ans malgré les alertes répétées sur sa dangerosité.
Les victimes accusent les laboratoires Servier d’avoir délibérément menti et caché les propriétés dangereuses du médicament par «profit», alors que le groupe soutient qu’il n’est pas apparu de signal de risque identifié avant 2009, date de retrait du médicament du marché.
De 1976 jusqu’à son retrait du marché le 30 novembre 2009, le Mediator a été utilisé par cinq millions de personnes en France. Il est à l’origine de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) et d’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP), une pathologie rare et mortelle, et pourrait être responsable à long terme de 2.100 décès, selon une expertise judiciaire.