A l’issue de la première journée du Grenelle du gouvernement sur les violences conjugales, le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé une première série de mesures pour venir en aide aux femmes, mais qui n’ont pas convaincu les associations féministes qui attendaient davantage.
Le chef du gouvernement a expliqué que 5 millions d’euros supplémentaires allaient être débloqués pour créer, à partir du 1er janvier 2020, 1 000 nouvelles places d’hébergement et de logement d’urgence pour les femmes qui souhaitent quitter leur domicile et un conjoint violent. S’ajoutant aux 5 000 déjà existantes, ces 1 000 nouvelles places se déclineront en 250 places « dans les centres d’hébergement d’urgence, pour assurer des mises en sécurité immédiates », et 750 places de « logement temporaire », pour des périodes comprises entre 6 mois et un an.
Le possibilité de déposer plainte à l’hôpital sera également généralisée à partir du 25 novembre, date de la fin de ce Grenelle. Des « procureurs référents spécialisés » dans les violences conjugales doivent être identifiés « dans les 172 tribunaux de France métropolitaine et d’Outre-Mer » et des chambres d’urgence expérimentées. Ces chambres doivent permettre un traitement des dossiers en 15 jours avec une meilleure articulation des différents acteurs judiciaires.
Le groupe LREM serait en train de travailler sur une proposition de loi pour une mise en place du « bracelet électronique anti-rapprochement », y compris « avant toute condamnation » dans le cadre d’un contrôle judiciaire ou d’une ordonnance de protection, ou encore la suspension de l’autorité parentale pour les pères violents avec leur compagne. Enfin, un audit dans 400 commissariats et gendarmeries concernant l’accueil des victimes sera menée jusqu’à fin 2020 pour révéler les « dysfonctionnements » en matière de recueil des plaintes.
Mais alors que 101 femmes ont été assassinées dans le pays par leurs conjoints ou ex-conjoints depuis le début de l’année, contre 121 sur l’ensemble de 2018 selon un décompte officiel, les associations se disent déçues par les premières déclarations du gouvernement, elles qui attendaient des mesures plus fortes et surtout plus immédiates. Elles réclament notamment un « plan Marshall » passant par 2 000 nouvelles places d’hébergement, et doté d’ « au moins » 500 millions, voire un milliard d’euros, loin des 79 millions d’euros de crédit jusqu’alors alloués à cette lutte.