Dans un rapport conjoint rendu public mardi, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme et la Mission d’Appui de l’ONU en Libye (MANUL) ont dénoncé la détention de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants dans ce pays maghrébin à la suite d’arrestations arbitraires prolongées de groupes armés parmi lesquels certains sont affiliées à l’administration de Tripoli.
Selon le Haut Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, « l’horreur et l’arbitraire de ces détentions touchent à la fois les victimes et les familles ». « Les abus doivent cesser et les responsables de tels crimes doivent en être pleinement comptables et être traduits en justice », a-t-il ajouté.
Le document rédigé conjointement par ces deux structures onusiennes porte sur les préoccupations majeures relatives à la détention en Libye à dater de la conclusion de l’Accord politique libyen (APL) le 17 décembre 2015 jusqu’au 1er janvier 2018.
Les Nations Unies rapportent que des hommes, femmes et enfants ont d’abord été réunis en fonction de « liens tribaux ou familiaux et d’affiliations politiques supposées », avant d’être incarcérés avec « peu ou pas de recours judiciaires ou de réparations ». Et en parallèle, les milices sévissent sans être inquiétées.
Suite au manque de chiffres officiels émanant des ministères libyens de l’Intérieur et de la Défense et d’informations provenant des centres de détentions directement gérés par les milices, il est difficile d’avoir des statistiques précises, a indiqué l’ONU. Néanmoins, d’après certaines estimations, les prisons officielles administrées par la police judiciaire du ministère libyen de la Justice comptaient environ 6 500 détenus en octobre dernier.
Par ailleurs, le centre de détention de Kuweifiya, qui est la plus grande prison dans l’est du territoire libyen, renfermerait près de 1 800 détenus.
Les Nations Unies ont aussi rapporté des cas de décès en prison. « Les corps de centaines de personnes détenues par des groupes armés ont été découverts dans les rues, les hôpitaux et les décharges, la plupart avec des marques de torture et de blessures par balles », mentionne le rapport.
Les auteurs de ce rapport ont demandé aux responsables libyens de condamner publiquement et clairement les cas de torture, de mauvais traitements et d’exécutions sommes des détenus et d’assurer la reddition des comptes de ces crimes.