Les rues de plusieurs villes d’Espagne ont vu défiler samedi des dizaines de milliers de personnes âgées qui battaient le pavé pour la quatrième fois depuis le mois de septembre dernier, pour revendiquer une valorisation des retraites et défendre le système actuel menacé par la privatisation à terme, selon les syndicats.
Madrid et Barcelone, entre autres, ont été concernées par ces manifestations. Les manifestants veulent que leurs retraites soient revalorisées au-delà des 0,25% accordés en 2016 et 2017, en-dessous du taux d’inflation qui était de 1,2% fin 2017.
Le syndicat Commissions ouvrières (CCOO) a estimé dans un communiqué que ces faibles revalorisations ont pour but de favoriser les retraites privées au détriment des retraites publiques, avec à terme, un horizon de libéralisation.
Pour le gouvernement de Mariano Rajoy, qui s’appuie traditionnellement sur un électorat sénior, la question des retraites représente un enjeu de taille.
L’Europe est confrontée à un vieillissement de sa population avec, selon Eurostat qui prévoit que les personnes âgées de 65 ans et plus, représenteront 28,7% de la population en 2080, contre 18,9% en 2015.
En Espagne, l’évolution démographique a entraîné une hausse du poids des retraites dans le budget de l’Etat, passant de 21,6% à 29% des dépenses publiques en dix ans.
Face à cette situation, le gouvernement se retranche derrière les objectifs de stabilité budgétaire imposés par l’Union européenne pour expliquer ses difficultés à faire un geste au profit des petites retraites.
Mercredi dernier, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, qui s’était engagé à faire des efforts pour les plus petites retraites, a subordonné une hausse au vote du budget par l’opposition, qui accuse de son côté le gouvernement d’avoir vidé un fonds de réserve destiné au paiement des petites retraites et de pénaliser les plus pauvres.