Le Nigeria a été condamné lundi par la Cour de Justice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), principal organe de la Communauté d’intégration ouest-africaine, à verser 140 millions d’euros aux victimes de la guerre civile du Biafra.
Cette somme doit aller aux survivants du conflit, dont le nombre est estimé par la Cour aux alentours de 500 personnes. Abuja doit par ailleurs débourser 105 millions de dollars pour le déminage de la région et pour construire toutes sortes d’édifices comme les écoles, les tribunaux, les mosquées et les églises.
Au cours des dernières années, 17.000 bombes encore actives ont été détruites mais certaines organisations locales estiment à plus de 1.317 le nombre de bombes abandonnées, en plus des mines antipersonnel logées dans des champs de la région.
Toutes ces mesures, qui doivent être entamées sous un délai de 45 jours, s’appliquent à onze Etats fédérés qui comprenaient l’ancien Biafra, dans le sud et le sud-est du Nigeria, ainsi que quelques Etats annexés par le mouvement séparatiste pendant la guerre.
La guerre du Biafra reste un épisode très sensible et tabou dans la société nigériane, notamment depuis l’arrivée au pouvoir du président Muhammadu Buhari, originaire du nord musulman, en 2015.
Cette indemnisation doit panser les plaies d’un conflit qui a duré trois ans, entre 1967 et 1970, fait un million de morts et causé une famine. Mais elle est aussi censée apaiser les esprits alors qu’aujourd’hui, cinquante ans après le début de cette guerre, les mouvements séparatistes refont surface.
Les accrochages entre ces mouvements et les forces de sécurité sont assez récurrents et sources de violences et les Etats du Sud-Est sont paralysés par un couvre-feu.