L’Espagne a annoncé hier dimanche, s’attendre à un déficit budgétaire de 3,6% en 2017, soit un demi-point de plus que les 3,1% sur lesquels tablait le pays.
Les autorités monétaires espagnoles attribuent ce nouveau dérapage au blocage politique qui dure depuis dix mois maintenant et limite la marge de manœuvre du gouvernement sortant pour liquider les affaires courantes.
Madrid détaille ses prévisions dans un budget provisoire transmis samedi à la Commission européenne par le ministère de l’Economie. Les prévisions macroéconomiques y sont également plus pessimistes. La prévision de croissance du Produit Intérieur Brut est ramenée à 2.9% pour l’année 2016, alors que la banque centrale prévoyait 3.2%. Pour 2017, la prévision de la banque d’Espagne, 2.3% est maintenue. Selon ces prévisions, le taux de chômage devrait s’établir à 19.7% en 2016 et 17.8% en 2017.
Dans son rapport, Madrid reconnaît également que les mesures envisagées par le gouvernement pour réduire le déficit, notamment un prélèvement anticipé de l’impôt sur les sociétés dont il espère tirer 8 milliards d’euros, ne seront pas suffisantes et « devront être nécessairement complétées par le nouveau gouvernement ».
Le blocage politique suite aux législatives de décembre 2015 est d’ailleurs la principale raison avancée par Madrid pour justifier ce nouveau dérapage budgétaire. Limité aux affaires courantes, le gouvernement sortant ne peut pas réaliser de coupes budgétaires ou augmenter les dépenses.
Ce blocage pourrait prendre fin dans les prochaines semaines si les députés du Parti socialiste, deuxième parti d’Espagne, décidaient de s’abstenir pour permettre à Mariano Rajoy de former un gouvernement. Malgré les craintes d’un ralentissement de l’économie, la situation politique n’a pas jusqu’alors entamé le dynamisme économique.
Depuis le début de la crise économique en 2008, le déficit de l’Espagne a toujours été supérieur aux engagements européens du pays, quatrième économie de la zone euro. Cette situation a valu au pays de nombreuses menaces de sanctions de la part de la Commission européenne, comme la suspension des fonds structurels destinés à l’Espagne si elle ne respectait pas ses engagements.