Le gouvernement socialiste du Portugal est entré en conflit ouvert avec Bruxelles en raison de son avant-projet de budget pour 2016, unanimement désapprouvé par les agences de notation internationales et les experts financiers du Portugal.
Les autorités de Lisbonne, qui n’ont pas expliqué par écrit à la Commission européenne les incohérences de son budget relevées par ces agences, se disent néanmoins confiantes quand à la conclusion d’un accord cette semaine.
Après avoir réussi le tour de force d’évincer la droite, arrivée en tête des législatives en octobre mais sans majorité absolue, le gouvernement socialiste, suspendu à une alliance fragile avec la gauche radicale, a mis la barre très haut. Il a promis de « tourner la page de l’austérité », tout en réduisant le déficit public à 2.6% du Produit Intérieur Brut cette année. Cette ambition semble irréalisable, en plus du fait que le gouvernement portugais a limité son objectif de réduction du déficit structurel à 0.2 point de pourcentage alors que Bruxelles exige une baisse de 0.6 point.
La Commission européenne avait pressé le gouvernement portugais d’expliquer avant vendredi dernier, les incohérences de son budget, mais le gouvernement d’Antonio Costa a opté pour le silence.
Le Premier ministre portugais assure cependant que les négociations se poursuivent avec Bruxelles et se dit « convaincu » de pouvoir conclure un accord d’ici à jeudi, jour du Conseil des ministres, sans renier ses accords avec ses alliés, le Parti communiste et le Bloc de gauche, proche de Syriza en Grèce.
Pourtant, en s’appuyant sur le précédent de l’ancien Premier ministre grec Alexis Tsipras, nombre de politologues estiment qu’Antonio Costa n’aura d’autre choix que de recourir à de nouvelles mesures d’austérité. Dans ce cas de figure, le tout nouveau gouvernement pourrait ne pas survivre aux pressions des partis les plus à gauche.