L’Espagne est entrée dans une phase critique de son histoire avec la prise de fonctions cette semaine du séparatiste Carles Puigdemont en tant que président de l’exécutif de la Catalogne qui ne cache pas ses ambitions sécessionnistes.
Ancien maire de Gérone, Carles Puigdemont a été élu président de la Catalogne le 10 janvier par le Parlement régional, avec 70 voix pour, 63 contre et deux abstentions. Une nouvelle présidence du dirigeant catalan sortant Artur Mas a été contrée par dix députés les plus à gauche, du parti Candidature d’unité populaire (CUP) qui lui reprochaient notamment ses mesures d’austérité.
Le nouveau président catalan ne fait pas mystère de ses ambitions indépendantistes, lui qui a promis de mener la région vers l’indépendance de l’Espagne en 2017. Pour effacer les doutes pour ceux qui en auraient encore, il n’a pas fait allégeance au roi Felipe VI lors de la cérémonie de son investiture, ni promis de respecter la Constitution comme il est d’usage.
Ses autres promesses de campagne sont des garanties de l’accès à l’eau, à l’électricité et au gaz pour les personnes en difficulté, le droit au logement, la hausse du salaire minimum ainsi que des mesures d’ « urgence sociale » qui pourraient déplaire à certains milieux d’affaires. Carles Puigdemont souhaite mettre en place un Trésor public et une Sécurité sociale propres à la Catalogne.
Pour mener son programme à bien, il peut compter sur la majorité indépendantiste au Parlement régional depuis leur victoire aux élections du 27 septembre, une première pour la Catalogne. Mais le projet indépendantiste catalan devra vaincre l’opposition de Madrid dont le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a prévenu qu’il ne laisserait passer aucun acte illégal. Par ailleurs, l’indépendance de la Catalogne est loin de faire l’unanimité parmi ses habitants. Selon les sondages, la moitié d’entre eux souhaitent pour l’instant rester espagnols.