La crise grecque est reprise par le PP (Parti Populaire) de droite, au pouvoir en Espagne, pour défendre la politique d’austérité sévère menée dans le pays ces trois dernières années et torpiller au passage le parti de la gauche anti-austérité Podemos, troisième force politique du pays.
Pour Madrid, l’enjeu de la crise grecque est plus important sur le plan de la politique interne que pour les engagements financiers qui unissent les deux pays alors que Madrid a prêté 26 milliards d’euros à Athènes. Pour le Parti populaire, le modèle espagnol mené par le gouvernement de Mariano Rajoy a évité le sauvetage de l’économie, a permis au pays de sortir de la crise grâce aux réformes profondes et aurait été le remède à la crise grecque si Athènes avait consenti à l’adopter. Le parti au pouvoir en Espagne ne se prive pas d’utiliser la crise grecque pour discréditer le jeune parti de gauche radicale Podemos, allié du parti au pouvoir à Athènes Syriza au parlement européen.
Conscient du risque que fait peser sur lui son alliance avec le gouvernement grec, Podemos réagit. Ses leaders, appuyés par certaines figures européennes de gauche comme l’eurodéputée du Bloc de gauche portugais Marisa Matias, affirment que la dureté de la zone euro et du Fonds Monétaire International face à la Grèce a pour réellement but de transformer les Grecs et la Grèce en vaccin contre le changement en plus de rejeter toute alternative à l’austérité. Cette stratégie serait ainsi destinée à freiner l’ascension électorale des partis anti-austérité. Podemos a réaffirmé son soutien à Syriza mais, pour ne pas susciter de crainte chez ses électeurs potentiels ni de doutes sur la capacité de gauche radicale de respecter ses promesses de campagne, rejette généralement les comparaisons avec Syriza et insiste sur les différences entre les deux pays.