Le Congrès espagnol a adopté hier jeudi à l’unanimité la loi proposée par le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy qui doit permettre aux descendants des Juifs expulsés d’Espagne par les rois catholiques en 1492 d’obtenir facilement la nationalité espagnole. Une estimation officielle établit à 90 000 le nombre de candidatures de Juifs séfarades que cette nouvelle loi pourrait susciter à travers le monde.
Cette loi sur les séfarades, soutenue par l’ensemble des partis politiques espagnols, devrait entrer en vigueur en octobre. Elle prévoit que les candidats puissent devenir bi-nationaux comme c’est le cas d’Espagnols nés dans d’anciennes colonies du Royaume, au Portugal ou en Andorre. Cette nouvelle marque ainsi une évolution par rapport à la précédente législation, datant de 1924, qui permettait à l’Etat d’accorder la nationalité à ces descendants d’Espagnols mais exigeait qu’ils renoncent à leur autre nationalité et résident en Espagne. L’adoption de cette loi en Espagne a été vivement saluée en Israël où le ministère des Affaires étrangères a évoqué une décision qui renforcera « les bonnes relations entre l’Espagne et Israël ».
Les Parlementaires espagnols entendent ainsi réparer, cinq siècles plus tard, une « erreur historique ». Les historiens estiment à au moins 200 000 le nombre de Juifs qui vivaient en Espagne quand, en 1492, après des années de ségrégation grandissante, les rois Ferdinand et Isabelle leur ont ordonné de se convertir ou de quitter le pays avec interdiction de revenir sous peine de mort. Ceux qui refusaient étaient parfois brûlés sur la place publique. Ces Juifs exilés, qui ont pris le nom de « séfarades » qui signifie « Espagne » en hébreu, avaient fui vers l’Italie, l’Afrique du Nord, l’Empire Ottoman, les Balkans mais aussi le Portugal. La communauté séfarade compterait actuellement 3.5 millions de personnes.