Les autorités portugaises font leur maximum pour se démarquer de la Grèce, en pleine confrontation avec les instances européennes au sujet de sa dette. Mais, encore très fragile, le pays demeure très exposé à l’avenir incertain d’Athènes.
Lisbonne a annoncé le remboursement ce mois-ci de 2 milliards d’euros au Fonds Monétaire International qui viendront s’ajouter aux 6.6 milliards déjà réglées par avance. Le Portugal tranche ainsi avec le délai réclamé par la Grèce qui a reporté au 30 juin le remboursement de plusieurs échéances dues, soit 1.6 milliards d’euros. Avec un matelas financier évalué fin mars à 17 milliards d’euros, le Portugal estime pouvoir survivre pendant de nombreux mois sans avoir recours aux marchés financiers. Le gouvernement portugais de centre droit va plus loin encore, affichant ouvertement ses divergences avec Syriza, le parti de gauche radicale au pouvoir à Athènes. La ministre portugaise des Finances Maria Luis Albuquerque a répété samedi dernier que les règles européennes valaient pour tous et que les Grecs devaient accepter de les respecter. Cette déclaration laisse entendre que les Portugais prendront mal un traitement de faveur des créanciers aux Grecs alors qu’eux-mêmes ont dû traverser des années de lourds sacrifices au nom de l’austérité que leur imposaient ces mêmes créanciers.
Mais avec une dette publique qui est encore l’une des plus élevées de la zone euro, le Portugal figure parmi les pays plus fragiles de la zone, au même titre que l’Espagne et l’Italie, sur qui la crise grecque a des répercussions. Les taux d’emprunt du pays ont déjà commencé à grimper et l’on assiste à un début de panique sur les marchés. Le taux d’emprunt à dix ans, mesure de la confiance des investisseurs, s’est élevé hier mardi à 2.933% après avoir atteint en mars un plus bas historique de 1.56%.