Les positions entre Rabat et Bruxelles au sujet de l’immigration clandestine, sont encore loin d’être en harmonie avec l’accord de réadmission des migrants qu’ils ont signé.
En effet, si Bruxelles insiste pour que le Maroc accueille tous les migrants refoulés par les pays membres de l’Union Européenne (UE) après leur entrée illégale en territoire européen en provenance des côtes marocaines, Rabat voit en revanche, les choses autrement.
L’enjeu est énorme, car le Maroc risque de se transformer en un véritable dépotoir des migrants clandestins refoulés de la zone Schengen.
Des statistiques évaluent la population de migrants irréguliers en Europe à près de 300.000 personnes. De plus, les migrants de 116 nationalités enregistrés par le Maroc ne veulent pas rester sur son territoire, mais plutôt traverser la Méditerranée pour rejoindre « l’eldorado » européen.
Les accords de réadmission pilotés par l’UE illustrent l’orientation européenne vis-à-vis des migrations et de l’asile. Elle est dictée par la volonté de renforcer les frontières extérieures de l’UE afin de maintenir la liberté de circulation à l’intérieur de l’espace Schengen.
Toutefois, la particularité de ceux de l’UE réside dans le fait que la responsabilité de leur négociation politique repose sur une instance supranationale, tandis que la mise en application de la procédure de réadmission reste confiée aux États Membres. La dilution des responsabilités entre différents intervenants complique leur surveillance et l’emploi de recours efficaces en cas abus.
Dans le cas du Maroc, les autorités affirment que les mesures mises en œuvre par Rabat, notamment la régularisation et l’attribution du droit d’asile dans le Royaume, « permettent de sauver des vies et d’assurer la dignité des migrants ».
Rappelons que l’appui européen à la politique migratoire du Maroc s’est traduit par une première enveloppe de 10 millions d’euros affectée à la réalisation de projets concrets en faveur des migrants subsahariens établis dans le Royaume.
Bref, les financements de Bruxelles n’influencent en rien la perception qu’a le royaume chérifien par rapport à l’accord de réadmission des migrants.