Les élections municipales et régionales ont eu lieu hier dimanche et font figurent de véritable séisme politique. Les deux principaux partis politiques du pays, le PP (Parti Populaire) de droite au pouvoir et le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol), ont énormément perdu du terrain face aux nouveaux venus que sont le parti de gauche radicale Podemos et le parti de centre droit Ciudadanos.
Ces scrutins marquent incontestablement la fin du bipartisme qui articule les institutions espagnoles depuis la Transition démocratique (1975-1982). Le PSOE a remporté la victoire dans de nombreuses régions et mairies mais a encore perdu 12.5% des voix. Le grand perdant est le PP qui, marqué par la politique d’austérité menée durant la crise et une succession de scandales de corruption, a perdu 40% des voix par rapport à 2011. Les « indignés », regroupement de Podemos, des écologistes catalans et des activistes, remporte la mairie de Barcelone pour mettre à exécution leur programme centré sur la lutte contre les inégalités sociales et la corruption. La plateforme Ahora Madrid, menée par l’ancienne juge de 71 ans Manuela Carmena et soutenue par Podemos, les écologistes d’Equo des membres critiques du parti des écolo-communistes de la Gauche unie, est parvenue à se hisser à la seconde position dans la capitale espagnole, à un siège du Parti populaire qui gouvernait Madrid avec la majorité absolue depuis 1991.
Pour la première fois, le PP et le PSOE vont être obligés de sceller des accords avec les nouvelles formations qui ont percé pour pouvoir gouverner. E dépit du fait qu’il soit le parti qui a recueilli le plus de suffrages dans le pays avec 27% des voix, le PP perd les majorités absolues qu’il avait arrachées en 2011. Pire encore, tout laisse croire que Podemos devrait soutenir l’investiture des socialistes. A Madrid, Murcie, la Rioja ou encore à Castille-et-Léon, c’est Ciudadanos qui devrait jouer les arbitres.