En pleine campagne électorale pour les législatives du 7 mai prochain, l’économie occupe une place centrale, le gouvernement sortant n’hésitant pas à s’attribuer le mérite de la reprise économique. Mais la relation entre celle-ci et la politique d’austérité du gouvernement n’est pas aussi nette que le gouvernement veut bien le faire croire.
Le Royaume-Uni a enregistré l’année passée une croissance de 2.8%, la plus élevée des pays du G7 devant les 1.6% de l’Allemagne et les 0.4% de la France. Le taux de chômage harmonisé moyen s’était élevé selon l’Eurostat à 6.1% contre 7.8% à son plus haut niveau en 2010. Malgré la destruction de 397 000 emplois publics, 1.6 million d’emplois ont été créés par l’économie britannique entre le deuxième trimestre 2010 et le dernier trimestre de 2014. Le gouvernement de coalition sortant entre Conservateurs et Libéraux-démocrates affirment que cette reprise de l’économie est due en grande partie à sa politique d’austérité budgétaire. En réduisant les dépenses publiques entre 2010 et 2015 de 47% du PIB à 40.5%, le gouvernement a réussi à faire passer le déficit de 10% à 5% du PIB. Cette baisse du déficit aurait fait revenir la confiance et, avec elle, l’investissement.
Mais le scénario avancé par le gouvernement sortant présente certaines incohérences. Avec une part d’un tiers contre deux tiers, la contribution de l’investissement des entreprises dans la croissance britannique est nettement inférieure à celle de la consommation des ménages qui est soutenue par l’inflation faible. Par ailleurs, l’investissement des entreprises est aux deux tiers de l’investissement immobilier qui bénéficie du soutien de la politique monétaire de la BoE (Banque d’Angleterre). Or, ce redressement de la consommation est intervenu en 2012 à un moment où le gouvernement avait décidé de freiner sa politique d’austérité qui avait été très dure durant les deux premières années, ce qui soulève de réelles questions sur la corrélation entre la politique d’austérité du gouvernement et la reprise économique du pays.