Lundi, le bureau du Premier ministre britannique a annoncé un nouveau report à une date ultérieure qui n’a pas été fixée d’un rapport sur les Frères musulmans en Grande-Bretagne commandé il y a un an et qui aurait dû être publié depuis juillet dernier. Le rapport est devenu sensible car son contenu devrait immanquablement froisser les alliés arabes de la Grande-Bretagne.
L’enquête avait été commandée aux services de renseignement MI5 et MI6 et a été dirigée par l’ancien ambassadeur britannique en Arabie saoudite John Jenkins. Elle avait pour objectif de permettre au Premier ministre de comprendre parfaitement la nature de cette organisation, ses positions par rapport à l’extrémisme violent, ses liens avec d’autres groupes et sa présence au Royaume-Uni et devait au final, selon toute vraisemblance, conclure que l’organisation n’était pas terroriste. Seulement, une telle conclusion aurait froissé des pays comme l’Egypte, l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, alliés de la Grande-Bretagne qui pourtant ont interdit les Frères musulmans. D’autre part, une critique trop sévère aurait été tout aussi embarrassante pour Londres. Elle aurait indisposé le Qatar, qui est un généreux bailleur de fonds à Londres, ou encore la Turquie, qui soutiennent les Frères musulmans. De plus, de nombreux dirigeants de la Confrérie ont trouvé refuge en Grande-Bretagne depuis au fil des années et se sont assuré les services d’un avocat de renom pour attaquer le gouvernement britannique en justice au cas où l’enquête porterait atteinte à leur image.
La seule porte de sortie pour le gouvernement britannique est de jouer le chronomètre pour que son rapport soit publié après les élections de mai, dans l’espoir que ses conclusions disparaissent à la faveur d’un changement éventuel de gouvernement.